Insulte à l’histoire – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Michel Audiard savait nous faire rire. Et ses tontons flingueurs aident, encore aujourd’hui, à détendre nos zygomatiques. Aussi parfois, à alimenter notre réflexion. Ses gangsters, en définitive, n’avaient rien de bien méchant. Ils n’étaient là que pour nous amuser.
En revanche, quand les cons osent au point d’insulter l’histoire, c’est beaucoup moins drôle. Pour le moins inquiétant, et carrément dangereux. C’est vrai en Allemagne ; c’est vrai en France. A travers deux exemples parmi d’autres. Des faits différents, mais qui se rejoignent. A Berlin, Angela Merkel voit bien le danger de ces manifestations d’extrême droite qui ramènent aux périodes les plus sombres de l’humanité. Et elle exhorte les Allemands à réagir. L’attaque, dans la soirée du 27 août, d’un restaurant juif à Chemnitz, est loin d’être isolé et met en lumière un mal rampant mais qui semble s’étendre un peu plus chaque jour. A Paris, la dégradation de panneaux installés devant le Panthéon dans le cadre d’une exposition consacrée à Simone Veil est, là aussi, révélatrice du climat ambiant.
L’Europe se trouve face à de nombreux défis. Lutter contre les extrémismes est l’un d’eux, et pas des moindres. Une lutte qui passe bien évidemment par l’identification et la mise hors d’état de nuire de ceux qui osent. Mais aussi, surtout, par un travail en amont. Les actes commis en France, en Allemagne et ailleurs, ne sont que des conséquences. Il y a urgence à agir sur les causes. Les chefs d’Etat de l’UE ne sont pas idiots : ils savent qu’ils doivent avant tout (re)trouver la capacité à régler les crises, de quelque ordre qu’elles soient.