Insolite : Alain Faveron était directeur d’IME à la ville et vigneron au bois
Aujourd’hui retraité, Alain Faveron a toujours été partout à la fois : à son métier, à ses passions. Directeur de l’IME à la ville, engagé à bloc dans la vie associative, c’est un personnage à Bourbonne-les-Bains. Que son vaste cercle d’amis a toujours connu en vigneron au bois, producteur d’un vin champagnisé respecté.
« Mon père était vigneron, gamin, j’étais entre les pattes de son cheval qui labourait… ». Alain Faveron se sent bien sur les terres familiales proches des côtes de Blaye. C’est son instituteur qui va l’inviter à repousser leur horizon. « Je travaillais bien à l’école, il est allé voir mes parents… ». C’est décidé, Alain poursuit ses études, s’éprend de théâtre, et promis-juré, « un jour », il jouera Sganarelle – à qui, pour mémoire, Molière fait dire qu’il sait « raisonner des choses ». En attendant, le voilà à son tour instituteur, spécialisé. Nommé en Haute-Marne, à Bourbonne-les-Bains. Traversé de multiples passions, inventeur transformateur de rêves, bref, entrepreneur es aventures… qui, toutes, vont aboutir. Dont l’exploitation de la vigne. C’était il y a presque un demi-siècle, quand Alain s’est pris de tendre une passerelle avec son père.
Parti en formation pro’ avec sa topette
« Au tout début, j’ai planté un tout petit carré ». Pour cette langue de terre nichée… dans les bois, proche de la D417, en contrebas de l’accotement, isolée du regard, Alain choisit du pinot noir. « Je croyais que j’allais faire du vin rouge ». Comme son père. Et aussi « comme du Bourgogne, du temps où les vins d’ici étaient acheminés à Dijon ». En 1975, l’apprenti vigneron plante 300 pieds. Las, le résultat le dépite. « Ce n’était pas bon ». Conjointement, l’instit’ spécialisé à la ville estime qu’il « a fait le tour de son métier ». Il veut être psychomotricien. C’est à Reims que sa formation a lieu, voilà qui tombe à pic, l’apprenant profite de son séjour pour visiter les vignes de champagne. Il a en outre emmené avec lui une topette de son vin, qu’il demande à l’institut d’œnologie de champagne de passer au crible. Le verdict sonne comme un miracle. « Vous pouvez faire du champagne ». Alain se met alors en tête de verser dans le pétillant, au début des années 80. « Peu à peu, j’ai planté du pinot meunier et du chardonnay ». La consécration vient quand son père s’enthousiasme pour son vin champagnisé. « C’est formidable ! ». Au point que le fils va en fabriquer avec le vin du père. « Avec ses copains, ils n’en revenaient pas ! ». Le minot qui « excellait en latin et en grec » réalise qu’il a pu « apprendre quelque chose » à son vigneron de paternel.
Du vin au jardin… au-dessus de la cave
« En l’an 2000, je faisais un trekk au Maroc avec des copains, dont un vigneron. Il m’a proposé de me donner du chardonnay ». Alain en plante 300 pieds. Son petit carré s’est agrandi, au gré d’acquisitions des petits carrés voisins. Dans cette enclave au milieu des bois, il fait aussi pousser un verger où pruniers, cerisiers, pêchers, mirabelliers… se côtoient. « Pour faire du marc pour du ratafia ». Plus loin, « à 50 mètres dans la forêt », c’est encore chez lui, mais il n’y touche pas, la densité d’arbres sert de rempart. Campé au milieu des ceps, le vigneron autodidacte couve du regard son domaine. « Pour ma dernière récolte, j’ai commandé de vraies étiquettes… ». Eh oui, la vigne qu’il a vendangée si longtemps avec des tas de copains -dont il a parfois champagnisé le vin- va passer dans d’autres mains. Le principe de la vente a été acté en novembre dernier. Pincement au cœur. Dont Alain amortit l’effet. « J’apprends tout à mon successeur… ainsi, j’ai le sentiment de m’offrir un prolongement ». Et puis Alain a toujours une passion devant lui. Aujourd’hui, il se consacre à son jardin. En-dessous duquel dort sa cave…
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
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