Une inquiétude grandissante du monde agricole

La présence de la préfète à la session de la Chambre d’agriculture, mardi 21 novembre, a été l’occasion pour les représentants syndicaux agricoles de faire part de plusieurs inquiétudes dont les 4% de jachère obligatoire à partir 2024.

«L’évolution de la production n’allait pas bien. Elle ne va pas s’arranger. Le plus gros de nos problèmes ce sont les fameuses jachères qui stigmatisent colère et incompréhension», a lancé en préambule, Sébastien Riottot, président de FDSEA lors du tour de parole à la Chambre d’agriculture. La session de ce mardi 21 novembre avait un observateur de choix en la personne de Régine Pam, préfète du département. Et celle-ci a été à de nombreuses reprises interpellée sur des sujets de l’Etat par différents intervenants du syndicalisme agricole haut-marnais.

Les 4 % de jachère qui vont s’imposer dès 2024 ont été très mal accueillis par la profession agricole. «On nous parle de souveraineté alimentaire et on se coupe de 4 % de terre productive. Cela  va l’encontre de ce que fait toute l’Europe. C’est une perte de production sèche», a expliqué Sébastien Riottot. Et ces pertes de production seront enregistrées dès 2024 car certains exploitants agricoles ne sachant pas ce qu’il adviendra de cette nouvelle réglementation, ont pris les devants.

La session de la Chambre d’agriculture a d’ailleurs pris une délibération sur ce sujet. Celle-ci constate «l’obligation de remise en jachère de 4 % des terres arables et qui a donc pour conséquence la baisse de la production agricole», ainsi que «les volontés gouvernementales de renforcer notre souveraineté alimentaire» et «le contexte géopolitique et la perte d’influence de la France, moins liée aux pays importateurs de céréales». Car pour Sébastien Riottot et la Chambre d’agriculture il ne fait aucun doute que les céréales qui ne seront pas produites en France seront importées et contribueront au déséquilibre de la balance commerciale de la France.

Les effluents d’élevage impossible à utiliser

Autre sujet d’actualité récente, c’est le traitement phytosanitaire des parcelles semées. «On ne peut pas traiter nos cultures avec la météo et on n’a aucune solution. On va se retrouver au printemps avec des parcelles sales. Et ce qui va arriver, c’est que l’on va être obligé de retourner ces parcelles. Cela va encore aggraver la perte de productions», a mis en garde le président de la FDSEA. A cela s’ajoute l’impossibilité d’épandre les effluents d’élevage.

«La période d’épandage est restreinte. Nous n’avons pas pu le faire en septembre car c’était trop sec. On aurait eu des problèmes d’odeur d’ammoniac», a expliqué Thierry Lahaye, secrétaire général de la FDSEA. Ensuite les exploitants ne pouvaient plus aller dans leurs parcelles trop humides. «On aujourd’hui, on se retrouve avec des stocks d’effluents dans les fermes», a précisé Thierry Lahaye. Car ces effluents ne peuvent plus être épandus après le 16 novembre.

Retrait des animations Natura 2000 du monde agricole

Pour le dernier sujet conséquent portant sur une réglementation qui pèse sur le fonctionnement des exploitations, Thierry Lahaye a rappelé l’engagement du monde agricole en faveur de la zone Natura 2000 oiseau qui concerne une grande partie du Bassigny. La réglementation phytosanitaire va évoluer et va imposer une interdiction d’utiliser ces produits dans les zones Natura 2000.

«On ne peut pas laisser passer cela. Sans produit phyto, on va trop loin», estime le secrétaire général de la FDSEA. La Chambre d’agriculture a adopté une délibération exprimant son désaccord et informe «l’autorité administrative des sites Natura 2000 terrestres, le Conseil régional, de son retrait immédiat des travaux d’animation de sites Natura 2000 si des interdictions sévères devaient se faire jour dans les sites Natura 2000.»

Ph. L.