Inextricable – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les Français revendiquent de pouvoir devenir les acteurs au quotidien de leur démocratie via, notamment, le référendum d’initiative citoyenne. Dans le même temps, les Britanniques ne sont pas loin de se mordre les doigts. On voit en effet où les a menés celui sur une éventuelle sortie de l’Union européenne. Le résultat de la consultation était clair. La suite est beaucoup moins glorieuse. Nos amis anglais ont carrément commencé à se ronger les ongles, face au marasme dans lequel est plongé leur gouvernement et les conséquences qui pourraient en découler. Ce n’est pas le principe même du référendum qui est remis en cause chez nos voisins. En revanche, les mois qui ont suivi et les modalités de sortie de l’Union – les discussions avec les instances européennes – ont plus divisé que rassemblé. Le référendum imposait par définition deux réponses possibles : “oui” ou “non”. Les dirigeants britanniques – et les institutions européennes – ont opposé une troisième option : un “oui, mais, éventuellement, si, pourquoi pas, quoique…”. Theresa May a sauvé sa tête hier soir, face à une motion de censure déposée par l’opposition. Mais c’est reculer pour mieux sauter, si l’on peut dire.
La faute, en grande partie, à des négociations qui, fort logiquement, n’ont pas engagé que les Britanniques, mais ont aussi impliqué l’Union européenne tout entière. Et on le sait, rien n’est jamais simple avec l’Europe.
Dans notre pays, même si d’éventuels “RIC” ne concerneraient sans doute que des sujets franco-français, on en vient à se demander, au regard de la situation outre-Manche, s’ils ne seraient pas en définitive que de la poudre aux yeux.
Et au bout du compte, pour un référendum comme pour une concertation nationale (!), l’essentiel n’est pas de les mettre en place, mais d’arriver à en tirer les conséquences, sans casse. Pour le meilleur. Pas pour le pire.