Inéluctable – L’édito de Patrice Chabanet
Le gouvernement n’avait plus le choix. Il vient de lever le couvre-feu, à compter de ce dimanche, et l’obligation de porter le masque en extérieur, dès aujourd’hui. Le maintien de ces mesures était devenu intenable et insupportable pour une bonne part de la population. Sur le plan politique, leur non-respect constituait, même s’il était souvent bon enfant, un désaveu de la stratégie sanitaire de l’exécutif. De toute façon, les forces de l’ordre étaient dans l’incapacité de mettre fin à ces rassemblements spontanés, plus proches du happening printanier que d’une fronde dûment organisée. Les syndicats de policiers avaient clairement fait savoir qu’ils avaient d’autres missions plus importantes.
Objectivement, l’exécutif passe un deal avec les adversaires du couvre-feu et du port du masque. Banco, nous cédons à vos revendications. Sous- entendu : le reconfinement reste toujours possible si le nombre des contaminations et de réanimations repartait à la hausse. La décision gouvernementale continuera à alimenter la polémique au sein du corps médical. Les uns continuent de penser que tout relâchement est porteur d’une nouvelle vague de la pandémie en automne. Les autres, au contraire, considèrent que l’épuisement psychologique de l’opinion publique n’est pas une variable à passer par pertes et profits. Il est clair que la vaccination reste la meilleure parade contre un retour de flamme pandémique. Cela dit, la spécificité de ce virus est de déjouer tous les pronostics. Les mêmes mesures ne garantissent pas le même impact selon le pays. Elles désavouent parfois ceux qui les prennent. Boris Johnson en sait quelque chose. Il se flattait des bons résultats de sa stratégie sanitaire. Au passage, une glorification des vertus du Brexit… Le voilà aujourd’hui contraint de faire amende honorable avec la poussée vicieuse du variant indien. Plus que jamais, l’humilité doit rester le maître-mot de l’action politique.