Indigeste – L’édito de Christophe Bonnefoy
On se souvient de George W. Bush, qui faillit passer de vie en trépas en 2002, victime en quelque sorte d’un attentat culinaire. Le fameux bretzel, avalé de travers par le président américain, avait causé une grosse frayeur à tout l’état major du chef de l’Etat le plus puissant de la planète.
Donald Trump a-t-il, lui, été attaqué par un hamburger avarié, dans l’avion qui le menait à Singapour ? Les bulles d’un mauvais champagne – américain ? – consommé pour fêter la clôture du G7 ont-elles subitement déclenché chez lui son envie récurrente de s’en prendre au monde entier via son joujou préféré, Twitter ? Toujours est-il qu’après avoir loué les progrès réalisés avec ses partenaires au Canada, il a subitement choisi de torpiller le sommet, en quelques phrases sur les réseaux sociaux.
Emmanuel Macron ne prend évidemment pas la chose sur le ton de l’humour : «La coopération internationale ne peut dépendre de colères ou de petits mots». En d’autres termes : l’ingérable Trump représente un danger. Ses humeurs – certains diront sa folie -, risquent bien, à un moment ou à un autre, de nous mener droit dans le mur. Le tweet d’il y a quelques heures n’est pas mortel. Mais que se passera-t-il demain, lorsque le milliardaire égocentrique rencontrera le dictateur nord-coréen ? Il y aura sourires, poignées de mains et sans doute déclarations communes sur une belle amitié naissante. Et si, par le plus pur des hasards – culinaires là aussi ? -, il prenait l’envie à Donald Trump, au retour vers Washington, de menacer Kim Jong Un après l’avoir enlacé quelques heures auparavant ? Le jeu est dangereux. Le problème étant qu’on ne sait pas du tout, en fait, si Trump en est conscient, ou pas.