Incertitudes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une chose est certaine, en cette période où rien ne l’est vraiment : le succès d’un éventuel déconfinement passera par celui du retour à l’école. Il n’est dès lors pas étonnant qu’Emmanuel Macron ait cherché à rassurer hier, en visitant un établissement des Yvelines.
Mais a-t-il réussi à gommer les doutes ? Rien n’est moins sûr. Les parents sont inquiets. Les élus locaux ne le sont pas moins. Et les personnels concernés ont bien du mal à se projeter vers une rentrée, même progressive. Même avec une mise en œuvre que le chef de l’Etat souhaite enrober d’une certaine souplesse face aux particularités locales.
Dans cette affaire, tous les arguments en faveur de cette rentrée un peu spéciale s’entendent. On peut facilement comprendre que les élèves ne peuvent pas, indéfiniment, faire une croix sur la vie sociale dont le confinement les prive. Et impossible d’aller contre la crainte d’un décrochement scolaire qualifié par le Premier ministre de probable « bombe à retardement ». La question économique est tout aussi essentielle. L’exécutif a mis du temps à l’énoncer, mais il est évident qu’elle participe de cette reprise des cours.
Pour autant, on ne doit pas rester sourd aux peurs. Elles sont loin d’être infondées, notamment sur la disponibilité des masques ou la difficulté de faire respecter la distanciation, particulièrement en milieu scolaire. Tout comme on ne peut pas faire semblant de ne pas entendre les reproches sur l’opportunité – ou pas au regard du danger potentiel – de rouvrir les établissements pour quelques semaines seulement.
La rentrée est un casse-tête. Mais un échec pourrait en être un autre, encore plus complexe à gérer.