Inaudibles – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’affaire Benalla a déjà une conséquence très directe, et pas des moindres : le débat politique est devenu en quelques heures complètement inaudible. La moindre idée, le moindre projet sont aussitôt aplatis, engloutis, broyés, détournés par la crise qui fait rage depuis trois jours. Tout, absolument tout est ramené à ce fameux 1er mai, évidemment, mais aussi aux semaines qui ont suivi et à ce silence que d’aucuns qualifieront de coupable. Les actes d’Alexandre Benalla sont une chose. Le contexte dans lequel il a pu agir en est une autre. Et comment ils ont ensuite été gérés par l’exécutif, une troisième. Tant d’affaires dans l’affaire…
Cette recherche de vérité devenue obsession se traduit par un pouvoir législatif entièrement paralysé. Opportunisme de l’opposition pour bloquer la révision constitutionnelle ou nécessité de crever l’abcès face à ce qui pourrait s’avérer être un scandale d’Etat ? Chacun se fera ou s’est déjà fait son opinion selon ses sensibiltés, évidemment.
Les réseaux sociaux, eux, grossissent le trait et sont encore plus impitoyables que LR ou LFI dans l’hémicycle. Un tweet ministériel ne résiste pas, lui non plus, au rouleau compresseur. Le hashtag Benalla aura sans doute été utilisé des centaines de milliers de fois depuis jeudi. Pour tout et n’importe quoi… et souvent n’importe quoi.
Reste que la situation, confuse au possible, ne pourra perdurer très longtemps. L’audition, demain matin, du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, devrait marquer un moment clé de cette gestion de crise. Elle ne suffira pas. La sphère judiciaire fera son travail, mais les Français attendent surtout des réponses des responsables politiques concernés. Tout autant que de la part du président de la République. Qui a choisi de laisser ministres et députés souvent inexpérimentés monter au front. Sans succès pour l’instant.