Faire avec – l’édito de Patrice Chabanet
L’heure n’est plus au décryptage de la victoire de l’extrême droite en Italie. Désormais il faut faire avec. Les Etats-Unis, comme les démocraties européennes, ont déjà validé le résultat des urnes. Une manière habile de prendre les « post-fascistes » au mot quand ils proclament leur attachement à la démocratie et à l’Alliance atlantique. Sur le plan personnel, même si elle a dit son admiration pour Mussolini quand elle avait 19 ans, Giorgia Meloni ne s’exprime pas à coups de menton et ne se déplace pas entre des rangées de chemises noires.
Cela dit, l’attitude conciliante des Européens n’est pas innocente. L’Italie est largement tributaire des subsides de Bruxelles : 200 milliards d’euros sur un plan de relance global de 750 milliards. Une façon de calmer les excitations des anti-Européens de sa coalition.
Le point d’achoppement le plus évident se cristallise autour des questions sociétales, le droit à l’avortement, la PMA et l’adoption par des couples homosexuels. Elles divisent aussi au sein de la coalition. Ce sont souvent sur ces dossiers que les alliances se fracassent. Le gouvernement formé probablement par Giorgia Meloni subira tôt ou tard ce travail de sape des forces centrifuges.
N’oublions pas enfin le poids des traditions dans la politique intérieure italienne. La durée moyenne d’un gouvernement est de 18 mois. La nouvelle majorité n’échappera pas à ce couperet implacable. Elle devra composer avec des formations plus libérales et y perdre une partie de son âme. Les forces économiques ne la laisseront pas se lancer dans une fuite en avant. Les élections libres de 2022 n’ont rien à voir avec la marche sur Rome de 1922…