L’ÉPREUVE DE FORCE – l’édito de Patrice Chabanet
Il y a un moment où il n’est plus possible de tourner autour du pot. En l’occurrence, le pot a la taille d’une marmite, celle de la réforme de l’assurance chômage. Gabriel Attal n’exclut pas, comme dirait Emmanuel Macron, de réduire la durée d’indemnisation de l’assurance chômage. Sa proposition : passer de 18 à 12 mois. Inutile de dire que la levée de boucliers a été immédiate. C’est un non clair et net des syndicats et des partis de gauche. Animation assurée sur les bancs de l’Assemblée et du Sénat.
Le Premier ministre sait ce qui l’attend. Alors pourquoi aller à l’affrontement ? Sans doute est-il convaincu qu’il n’y aura pas de fronde populaire. Dans la société française, des pans importants considèrent que nombreux sont les chômeurs qui ne se démènent pas pour retrouver un emploi. En clair, on défile plus facilement contre le report de l’âge de la retraite ou contre la vie chère. La motivation serait moindre pour l’assurance chômage. Cela concerne les autres…
L’autre pari de l’exécutif est que la croissance continuera à créer des emplois, ce qui devrait permettre de ne pas toucher au montant des indemnisations. Une manière de couper la poire en deux. Or cette stratégie pourrait être prise à revers par l’actualité. Le rebond de l’économie est en train de perdre de sa vigueur, comme en Allemagne d’ailleurs. Le rééquilibrage de nos comptes publics n’est pas pour demain. Du grain à moudre pour les oppositions.