Notre bon vieux Tour – l’édito de Patrice Chabanet
Les émeutes urbaines, la guerre en Ukraine, la canicule, l’inflation : le gros peloton de l’actualité a lâché, un moment, le Tour de France. Mais à la faveur des premières étapes de montagne, ce dernier a tiré son épingle du jeu. Inoxydable. Avec ses exploits individuels et ses défaillances. Hier, le mano a mano entre le maillot jaune, Vingegaard et l’un des favoris, Pogacar, et l’embuscade tendue par le vainqueur de l’étape, Rodriguez, nous ont fait revivre les épopées de la Grande Boucle. Le public est toujours là, massif et enthousiaste, même si d’une année à l’autre on retrouve les mêmes abrutis qui bousculent les coureurs en plein effort. Faux supporters mais vrais dangers publics.
L’intérêt du Tour de France n’est pas seulement sportif. Il concentre des symboles essentiels. Il reste un sport populaire. Dans quelle autre discipline les spectateurs peuvent-ils assister aux exploits de leurs champions sans bourse délier ? Certainement pas dans le football professionnel ou dans la Formule 1 !
Autre symbole : celui de l’abnégation. Certes, les coureurs sont parfaitement entraînés, mais ils nous transmettent cette volonté farouche d’aller jusqu’au bout de leurs limites. Gravir des pentes à plus de 13% suppose une gestion des plus fines du capital énergétique. Les contrôles anti-dopage extrêmement renforcés excluent a priori toute tricherie. Il le fallait pour rendre au cyclisme toute sa dignité.
Un regret : que la France entichée de son Tour peine à trouver un successeur à Bernard Hinault, dernier Français à avoir gagné l’épreuve. C’était en 1985…Ce ne sera probablement pas en 2023. Dommage…
Patrice Chabanet
p.chabanet@jhm.fr