Impayable – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le locataire de la Maison-Blanche est décidément impayable. On l’a compris, il ne se considère pas comme un simple intérimaire expulsable du jour au lendemain du Bureau ovale. Au contraire, il se verrait bien forcer – à nouveau ? – la porte, même si d’aventure l’Amérique le boute hors des lieux lors de la présidentielle de novembre. Autrement dit, peu importe le résultat, j’y suis, j’y reste. Il le sous-entend en permanence.
Et puisqu’on parle de locataire, s’il devait s’acquitter d’un loyer à Washington, ce qui n’est pas le cas, évidemment, on devine que le Président pourrait prétendre à ce qu’il soit très modéré. Pas lui. Le loyer ! Surtout si l’on en juge l’impôt qu’a payé Donald Trump, en 2016 et en 2017. Une enquête du New York Times révèle en effet que ces deux années-là, le businessman aurait sorti de son portefeuille… 750 dollars d’impôt fédéral. Pas 750 000. Encore moins sept millions et demi. Pas, non plus, 75 000. Ni même 7 500. Non : 750. Encore mieux, il n’aurait pas du tout payé d’impôt sur le revenu, au cours de dix des quinze ans précédents.
De deux choses l’une, si les informations du NYT se révèlent vraies : ou Trump est ruiné depuis un bon moment. Auquel cas, il se sera fait passer pendant des années pour ce qu’il n’est pas et n’est au final qu’un très piètre gestionnaire. Inquiétant, pas tant pour lui que pour les Etats-Unis. Ou il reste immensément riche, et il aura, au minimum rusé, au pire fraudé, ce que les Américains risquent de ne pas lui pardonner, alors qu’on leur demande d’importants sacrifices. A titre d’exemple, le montant moyen de l’impôt fédéral sur le revenu payé par un enseignant est de 7 239 dollars.
Depuis le début de son mandat, Donald Trump multiplie les provocations, et sans doute les mensonges. On pourrait en rire, s’il ne mettait directement en danger, et son pays parfois, et le reste de la planète souvent. Impayable, oui. Mais pas drôle. Loin de là.