“Imaginary”, le pire de l’horreur
CRITIQUE. Film d’horreur somnifère à peine digne de la série B, “Imaginary” n’arrive à rien développer malgré un budget imposant pour le genre et un casting pas totalement aux fraises. Version au rabais du long-métrage de poupée hantée, la dernière mouture de Jeff Wadlow file tout droit vers les nimbes de l’oubli éternel.
Il y a un côté pile ou face dans le cinéma d’horreur. Peut-être plus marqué que dans les autres genres. Comme un lancer de pièce, difficile de savoir à quoi s’attendre avant de démarrer un film d’épouvante, mais le résultat sera on ne peut plus manichéen. Côté pile, des chefs-d’œuvre du septième art, remuant les tripes – au sens propre ou figuré – et imprimant au fond du cerveau d’épouvantables images. Côté face, d’infâmes niaiseries ayant même du mal à tenir la comparaison avec des téléfilms de début d’après-midi. Avec “Imaginary”, de Jeff Wadlow, la pièce n’est pas tombée du bon côté.
« Imaginary », on s’ennuie…
Frôlant le zéro du début à la fin, même pas sauvé par un casting plutôt investi, le long-métrage au budget rondouillard pour de l’horreur (environ 13 millions de dollars) ne réussit rien. Pas assez conscient de sa sottise pour être un bon nanard, “Imaginary” est un de ses innombrables films d’horreur bouffis de clichés et réfléchis par le prisme du merchandising qui, à peine sorti, a déjà une bonne place réservée aux oubliettes du grand écran.
Sauvons ce qui peut l’être. À commencer par l’ébauche de scénario, pas renversante mais efficace. Jessica (DeWanda Wise), autrice de romans graphiques en proie aux cauchemars plus vrais que nature, déménage dans sa maison d’enfance avec son conjoint et ses deux belles-filles. La cadette, Alice (Pyper Braun) s’y fait un nouvel ami imaginaire, l’en apparence très inoffensif Chauncey, nounours en peluche aux yeux noirs de jais. Film d’horreur oblige, les motivations morbides de ce dernier se révèlent assez vite. La petite famille recomposée doit se serrer les coudes pour se défaire du maudit ourson. C’est déjà-vu, certes, mais pas foncièrement nul. Pour le reste, en revanche…
Réalisation cauchemardesque
Le réalisateur Jeff Wadlow, sorte d’antithèse de Midas, tant tout ce qu’il touche se transforme en fange, est à la hauteur de sa réputation. “Imaginary” est paresseux. Trois jump scares à la minute – dont aucun ne fait mouche – ne parviennent pas à extirper le film de son profond marasme. Ni le montage veule ni la bande-son inexistante ne relèvent la chose. Même les effets spéciaux, qui font leur entrée dans le dernier tiers du long-métrage, sont bas de gamme. On se croirait dans un rêve halluciné de Tim Burton sous opiacés. Pas très agréable.
Saluons DeWanda Wise, Pyper Braun et Taegen Burns, qui prête ses traits à Taylor, la fille aînée. Les trois, autour desquelles le récit se concentre, livrent de chouettes performances. D’autant plus remarquable qu’il leur a fallu incarner des personnages écrits de manière laconiques. Une petite satisfaction qui ne rattrape pas le désastre qu’est “Imaginary”. Pis, le film parvient à ne pas être effrayant une seule seconde. C’était peut-être un mauvais rêve. On aurait préféré.
Dorian Lacour