Image brouillée– L’édito de Patrice Chabanet
Les affaires Hulot et Darmanin sont gênantes pour l’exécutif pour des raisons purement objectives : elles occupent l’espace médiatique et, toutes choses étant égales par ailleurs, elles relèguent au second plan des informations plus positives, notamment dans le domaine économique. La place publique est devenue un tribunal populaire. On n’attend plus le déroulement – certes lent – de la justice pour juger et condamner. L’attitude la plus sage consisterait à attendre les suites données aux dépôts de plainte et l’ouverture éventuelle d’une instruction. Mais la dictature de l’urgence et la férocité du débat politique en décident autrement. On imagine les conséquences d’une multiplication de plaintes qui devraient aboutir automatiquement à des démissions de responsables politiques, sans en avoir vérifié les fondements. Cette automaticité aboutirait d’ailleurs à une aberration : la cohabitation de la présomption d’innocence pour tout mis en examen et l’éviction de tout ministre dès sa mise en cause. Quoi qu’il en soit, le gouvernement doit gérer ce qui apparaît comme une tache dans son image. Il le doit en grande partie aux remous de l’affaire Weinstein.
Contrecoup des affaires Hulot et Darmanin, le gouvernement n’a pas vraiment pu capitaliser sur cette bonne nouvelle : la baisse du chômage qui est redescendu au taux de 8,6% au quatrième trimestre 2017, un chiffre jamais atteint depuis 10 ans. Certes, là aussi, il y a polémique. Les partisans de Hollande revendiquent leur part du succès et la droite y voit surtout les retombées de la croissance mondiale. La majorité, elle, met cette reprise de l’emploi au crédit de sa nouvelle politique et de la confiance qu’elle inspire, comme en témoigne la forte progression de l’embauche de cadres prévue cette année. Quelle que soit la clef de répartition des facteurs, c’est toujours la majorité en place qui ramasse les lauriers d’une réussite. Sauf que, cette fois-ci, les épines des affaires les cachent en grande partie.