Ils se parlent – L’édito de Patrice Chabanet
Ils se parlent – L’édito de Patrice Chabanet
Il ne faut pas attendre de miracle du sommet du G20 à Hambourg. Organisation enfantée par la mondialisation, elle restitue tous les différends qui opposent ses membres. En ce moment, ils ne manquent pas, surtout avec l’entrée en scène d’un Trump qui n’a cure des rites diplomatiques. Dans ces conditions, mieux vaut apprécier a minima l’événement que faire la liste des désaccords. L’aspect humain, purement relationnel, n’est pas négligeable. Les dirigeants de la planète se parlent. C’est déjà ça. On craignait le pire pour la rencontre Trump-Poutine. A défaut de retrouvailles chaleureuses, les deux hommes se sont mis d’accord pour un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie. Les deux grandes puissances militaires doivent cela à un peuple syrien exsangue. En revanche, dans leur entretien, les deux hommes ont eu une explication de gravure sur l’ingérence de la Russie dans la politique intérieure américaine. On ne pouvait pas attendre autre chose entre un ancien membre du KGB qui n’a jamais eu froid aux yeux et un milliardaire qui n’a pas sa langue dans la poche. Pour le moment, l’avantage reste au dirigeant russe : il ne cède rien sur l’Ukraine et la Crimée.
Le sommet actera certainement aujourd’hui le désaccord entre les Etats-Unis et tous ses partenaires sur l’accord de Paris relatif au changement climatique. Paradoxalement, cette officialisation a des chances de faire avancer le dossier. Tous ceux qui aux Etats-Unis – et ils sont nombreux – s’opposent à l’attitude du président américain y verront des raisons de faire monter la pression.
Le plus important ne sera pas dans le communiqué final : il mettra en valeur le plus petit dénominateur commun. Il est dans les apartés qui parsèment ce grand rendez-vous planétaire. Nul doute, par exemple, que le président chinois a été sollicité pour calmer les ardeurs d’une Corée du Nord de plus en plus imprévisible. D’une certaine manière, le G20 est devenu une énorme boîte à idées pour éviter le pire dans un monde instable.