Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

«Ils ont décidé de casser du pédé»

Le 10 septembre 2011, un jeune homosexuel était roué de coups par trois agresseurs. Réfutant tout acte homophobe, Curtis Zampf, Derek Vinyard et Heiko Bonengel ont été condamné à des peines de prison ferme.

 

«Je ne suis pas homophobe, mon cousin est homosexuel et il dort parfois chez moi…» Non, Guy Bedos n’était pas présent à la barre du tribunal correctionnel. Malice et légèreté ont peiné à transpirer des propos de prévenus accusés de s’être livrés à de graves violences, l’orientation sexuelle de la victime et la commission des faits en réunion constituant deux circonstances aggravantes.

Le rappel des faits renvoie à une triste soirée débutée dans un établissement de nuit. Curtis Zampf et la victime échangent amabilités et coordonnées téléphoniques. Au petit matin, la victime adresse un SMS équivoque à Curtis Zampf. Ce dernier prend le soin de répondre. Rendez-vous est donné à Chaumont. Accompagné de trois amis, Curtis Zampf anticipe l’arrivée du jeune homosexuel. La victime est interceptée. Derek Vinyard assène les premiers coups. La victime parvient à se relever et tente de s’échapper. En vain… Le jeune homme est à nouveau roué de coups, à même le sol. Conduite aux Urgences, la victime recevra plusieurs SMS contenant insultes, menaces de mort et propos homophobes.

«Une ratonnade»

«Curtis Zampf a fixé un rendez-vous à la victime, vous avez tendu un piège à cet homme», lançait le juge Thil à l’adresse de Derek Vinyard et Heiko Bonengel, présents à la barre. Les prévenus se risquaient à livrer d’improbables explications. Las, le procureur Bellet en appelait à se demander si Derek Vinyard parlait bel et bien de la même soirée. «Nous avons accompagné Curtis Zampf parce que nous avions peur qu’il se fasse frapper», osait le prévenu.

Assurant la défense de la victime, Me Gambini en venait à la réalité des faits. «Vous avez vu les photos, vous avez vu dans quel état ces messieurs ont mis ce jeune homme. Il faut être clair, mon client a pris contact avec Zampf afin d’avoir une relation sexuelle, mais à la place de répondre “non, je suis hétéro”, Zampf a fixé un rendez-vous à la victime ! C’est une ratonnade, ils voulaient casser du pédé», martelait l’avocate avant de solliciter 1 000 euros de dommages et intérêts.

«Minable»

«Ce qu’ils ont fait est minable, l’expression de la virilité des ces mâles dominants s’est résumée à une agression à trois contre un. Etre un homme, c’est réfléchir et assumer les conséquences de ses actes», soulignait le procureur Bellet avant de requérir des peines de prison ferme partiellement assorties de sursis avec mise à l’épreuve.

Soulignant une supposée absence de toute intention homophobe, Me Grosjean appelait le tribunal à la plus grande clémence. Le juge Thil et ses assesseurs n’auront pas entendu l’appel de l’avocat des prévenus. Les différents degrés d’implication ont été pris en compte par le tribunal. Curtis Zampf, Derek Vinyard et Heiko Bonengel ont été condamnés à des peines de prison ferme partiellement assorties de sursis avec mise à l’épreuve comprenant notamment une obligation d’entrer en contact avec la victime. Les trois comparses devront, in solidum, indemniser la victime à hauteur de 1 000 euros et prendre en charge 600 euros de frais de justice.

 

* Curtis Zampf : 18 mois dont 8 mois assortis d’un Sursis avec mise à l’épreuve (SME) – Derek Vinyard : 12 mois dont 6 mois assortis d’un SME – Heiko Bonengel : 8 mois dont 4 mois assortis d’un SME.

Sur le même sujet...

Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Abonné
Langres
Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Tribunal correctionnel

Un homme de 38 ans a comparu détenu mardi 23 avril devant le tribunal judiciaire de Chaumont, pour agression sexuelle sur sa compagne dont il était une nième fois séparé(...)

Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j'étais dans un tourbillon »
Abonné
Chaumont
Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j’étais dans un tourbillon »
Tribunal correctionnel

Un quadragénaire a comparu devant le tribunal correctionnel pour violences conjugales, lundi 22 avril. Fini, le verbe, sa colère explosive s’était notamment traduite par des gifles à son épouse, le(...)

Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Abonné
Valcourt
Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Tribunal correctionnel

Une fille à laquelle des faits de violences aggravées sur sa mère sont reprochés. En récidive. À qui la justice a proposé un encadrement pour se libérer d’addictions délétères. À(...)