Ilena Tech innove par la différence

L’aventure entrepreneuriale d’Ilena Caye nous interpelle. La jeune haut-marnaise d’Is-en-Bassigny apporte une réponse pleine de sens à la question : qu’est-ce qu’une entreprise ? Sa réponse est : un projet porté par des humains, pour des humains. Le genre, l’âge, les capitaux, le chiffre d’affaires, le marché, tout cela vient après. Tout cela découle du projet de l’entreprise ; mais ce n’est pas l’entreprise. Ce n’est pas le projet.

Ilena a 11 ans. A priori, ce n’est pas un âge où l’on dépose des statuts, où l’on définit un cahier des charges, où l’on s’adosse à des partenaires. Or, Ilena possède réellement 60 % des parts de la société « Ilena Tech ». Cette société conçoit, fait fabriquer et distribue des panneaux qui permettent aujourd’hui d’identifier de manière inclusive, intelligente, joyeuse, des places de stationnement réservées.

Dans le registre des projets, registre où la jeune fille excelle, il est prévu d’accompagner le déploiement de ces panneaux d’une application qui permettra aux utilisateurs, géolocalisés, d’être guidés vers la place réservée la plus proche de leur position ou de leur destination. Le développement de l’application est très avancé ; nous l’avons vue fonctionner en conditions réelles.

Un autre projet d’Ilena vise à terme à faire fabriquer ces panneaux en Haute-Marne. Ce pourrait être dans le centre Haute-Marne, plus précisément dans le Bassigny. Et naturellement, cela créerait des emplois. Il faut d’abord trouver le site et acquérir puis installer les machines très spécialisées qui produiront les fameux panneaux.

Cette entreprise a une histoire. Parfois, souvent, les belles histoires commencent par une vacherie de la vie. Mais Ilena est du genre à se battre. « Elle a la niaque » dit un proche.

Au moment du confinement, l’idée germe en elle. De mars à mai de cette année-là, elle fixe le cahier des charges. Elle définit ses axes de travail : de l’écologie (matériaux recyclables), de l’inclusion, une charte graphique qui fasse la part belle aux couleurs vives et l’idée maîtresse de différence positive. En 2020, Ilena présente son projet au Conseil départemental. L’idée séduit Nicolas Lacroix et Adrien Guené qui en devinent tout le potentiel, tout comme Anne-Marie Nédélec qui les présente à Joseph Zimet. Dans la foulée, elle sollicite par courrier Matignon. Les services du Premier ministre lui répondent, et « prennent son projet en considération ». C’est parti !

Ilena est invitée à Bercy, où elle présente deux prototypes. Puis au Ministère des transports. Puis au Ministère de l’intérieur. La « petite » Haut-Marnaise convainc ses hôtes. En juin 2021, elle obtient l’autorisation d’expérimenter « pour de vrai » l’idée en Haute-Marne. Les portes s’entrouvrent ; elle les ouvre en grand. Elle le sait : sinon, ça ne passe pas. Dans la foulée, elle contacte le secteur privé. Le groupe Accor est le premier séduit et adopte la signalétique joyeuse d’Ilena. Avia, à son tour, déploie la solution au sein de son réseau de stations. Vous en verrez sur l’A 7, l’A 9, l’A 31.

On comprend mieux, désormais, pourquoi la CCI et ses partenaires lui ont décerné le Prix Coup de Cour de l’innovation lors du Salon des Savoir-Faire.

Revenons au projet : rendre visibles les différences, sans choquer. Il prend. Aujourd’hui, plus de 300 panneaux sont posés dans toute la France. Pour une entreprise née en janvier dernier… Pas mal !