Il y a salon et salon – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a le salon… et il y a le salon. Une salle, deux ambiances. Il y a la réalité agricole… et il y a ce qu’on veut bien en faire.
Les visiteurs tutoient, au fil des allées, ce qui se fait de mieux dans le domaine agricole. C’est sourire contre sourire. Le plaisir de goûter des fromages potentiellement parés d’or, de déguster des vins qui tiennent du nectar, d’admirer des bêtes qu’on pourrait qualifier de Miss France, Monde, Univers, soyons fous. Du côté des paysans, le salon, c’est précisément pouvoir montrer de quoi ils sont capables… si on leur donne les moyens de développer leur art, en quelque sorte. Sans les submerger de bureaucratie ou de concurrences déloyales. Si on osait, on poserait, de manière un peu démagogique, une simple question : vous préférez un langres de Langres, ou un langres du Brésil ?
L’autre visage du salon, c’est bien sûr la déambulation de tous ceux qui s’en servent pour alimenter d’autres desseins. Jacques Chirac aimait tapoter le “cul des vaches”. Beaucoup, qui lui ont succédé, préfèrent caresser… l’électeur dans le sens du poil. Ou quand, de simple salon, on passe à un véritable festival. De bonnes intentions… et surtout de promesses.
Les agriculteurs, on le voit depuis deux jours, se rappellent au bon souvenir de ceux qui font la politique. Banderole par ci, slogan par là, manif… Mais avant tout, ceux qui nous nourrissent nous interpellent. La ferme France, comme toute maison qu’on pourrait qualifier de commune, n’est sûrement pas parfaite. Il y a sans doute à boire et à manger, aussi au sein de l’agriculture française. Comme partout ailleurs. Il suffit pourtant de sautiller de stand en stand, de producteur haut-marnais en éleveur du coin, pour comprendre que chez nous, en France, l’agriculture n’est pas qu’un secteur économique. C’est un art de vivre, qu’on n’a pas le droit de laisser s’éteindre.
c.bonnefoy@jhm.fr