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Il y a 80 ans, la mort d’un village haut-marnais

L’entrée du village d’Hoëricourt. (Photo Charles Royer/Club Mémoires 52).

HISTOIRE. Ce sont les travaux d’agrandissement du terrain d’aviation de Robinson utilisé par la Luftwaffe qui ont motivé, en août 1942, l’évacuation de la population du village de Hoëricourt, ensuite détruit par les bombardements alliés.

Le nom de Hoëricourt, nous dit l’historien chaumontais Emile Jolibois, est apparu dans les textes au IXe siècle. C’était un village séparé de Moëslains par la Marne. Il a aujourd’hui disparu. Seuls subsistent quelques vestiges, dont les ruines de l’église ou encore le cimetière, à l’entrée de la base aérienne 113.

Hoëricourt a commencé à mourir il y a 80 ans. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les bombardements alliés sous l’Occupation qui ont contraint à l’évacuation de la population, mais les travaux d’agrandissement du terrain d’aviation de Robinson.

Premier bombardement

Inaugurée à la veille de la Première Guerre mondiale, en 1913, la station d’atterrissage de Robinson avait accueilli, en 1939, des unités de l’armée de l’air française. L’une d’elles, le groupe de chasse I/5, devait s’illustrer durant la Campagne de France. Après la chute de Saint-Dizier, la Luftwaffe, qui avait bombardé Hoëricourt le 11 mai 1940, a bien évidemment pris possession du terrain. Et entrepris des travaux d’agrandissement.

Travailleurs belges

En juillet 1942, alertent les militants du Parti communiste clandestin, « la machine de guerre hitlérienne veut se servir de notre ville comme base de défense. Plusieurs milliers de travailleurs belges sont arrivés pour travailler à l’aménagement du terrain d’aviation. Une recrudescence de soldats boches et de matériel a suivi cette arrivée. Aussitôt les travaux ont commencé ; sous la menace des Boches, les Bragards habitant près de Robinson durent quitter leurs maisons, leurs jardins et leurs champs ».

Trois cloches 

En effet, Odile Jacquot, le maire d’Hoëricourt, reçoit l’ordre d’évacuer le village qui ne comptait plus que 274 habitants. L’opération doit se dérouler à partir du 15 août 1942. Date limite d’évacuation : le 29 août.

Un peu plus d’un an plus tard, l’armée de l’air américaine commence à bombarder le terrain, d’où décollaient les redoutables chasseurs de nuit s’attaquant aux bombardiers alliés. Cinq missions, notamment, exécutées entre octobre 1943 et août 1944, entraîneront la destruction totale du village, dont la municipalité a été remplacée par une délégation spéciale.

De Hoëricourt, il ne restera, à la Libération, que l’église, la mairie et quatre maisons. « Les trois cloches de l’église et les objets du culte furent transférés à Saint-Dizier et à Eclaron », écrira en 1949 le président de la délégation.

Un des « dix villages inhabités » de France en 1946 (avec ceux, détruits, de la région de Verdun), Hoëricourt aurait pu être reconstruit. Ce ne sera pas le cas, pour cause de réactivation de la base. Une rue de Saint-Dizier où s’étaient réfugiés une partie des habitants perpétue le souvenir du village.

L. F.

Rafle de l’été 1942 : des Français

Dans notre édition du 2 juillet 2022, nous évoquions l’arrestation d’une quinzaine de juifs étrangers dans plusieurs localités haut-marnaises. Les pièces d’archives sont formelles : ce sont des policiers et des gendarmes français, sur réquisition du préfet, qui ont réalisé l’opération. Ainsi, les gendarmes de Chevillon rendront compte, le 19 juillet 1942 : « En présence de monsieur le maire de Chevillon, avons appréhendé les susnommés [Hermann et Marylla Rabner] qui ont été conduits par nos soins devant monsieur le commissaire de police à Saint-Dizier à qui ils ont été remis à 17 h. Madame Weitz née Speilmann Léa, résidant chez Rabner à Chevillon ayant bien voulu se charger de l’enfant Rabner, Jacques, né le 11 février 1928 à Nancy, celui-ci a été laissé à la garde de cette personne à Chevillon. Les différentes opérations relatées ci-dessus ont été accomplies sans aucun incident… » Tranférés à Châlons-en-Champagne, ces paisibles habitants seront assassinés à Auschwitz. Source : dossier 998 W 2, Archives départementales de la Haute-Marne.

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