Il y a 20 ans, le Tour de France « pour rassembler »
Les 8 et 9 juillet 2003, Saint-Dizier était pour la première et la dernière fois ville d’arrivée de deux étapes du Tour de France. Un travail de longue haleine pour d’abord obtenir le feu vert, puis pour mener à bien cette grande fête populaire. Des acteurs de l’époque racontent.
« Un sentiment de fierté pour la Ville, un sentiment de fraternité pour les habitants. » Vingt ans après le passage du Tour de France, François Cornut-Gentille n’a rien oublié. L’ancien maire (1995-2017) et actuel adjoint garde d’excellents souvenirs de l’atmosphère qui a bercé la cité bragarde pendant deux jours, en 2003. Les 8 et 9 juillet, Saint-Dizier était ville d’arrivée de deux étapes de la Grande boucle. La première en ligne, depuis Charleville-Mézières, qui s’est conclue au sprint au Vert-Bois, rue Léon-Blum. La seconde le lendemain, devant le Jard, après un contre-la montre (CLM) par équipes parti de Joinville et passé autour du lac du Der.
Contexte
Au départ, ce n’est pas vraiment le cyclisme qui intéresse François Cornut-Gentille. « Nous étions dans un contexte de fractures fortes localement. Je cherchais un évènement de grande ampleur qui puisse mobiliser, unir toute la ville. Et le Tour de France est un évènement très fort et surtout populaire. » Les premiers contacts avec la direction du Tour ont lieu en 1997. Entre temps, de gros chantiers sont opérés en ville avec la déviation de la N4, la restructuration de la place Aristide-Briand. Avec le centenaire du Tour en 2003, le timing est parfait. Bingo !
« En 2000, suite à notre quatrième candidature, la Société du Tour de France a sérieusement pris contact avec nous. Tout s’est joué en 2001 lors du passage du Tour de l’Avenir à Ancerville », confiait dans nos colonnes Frédéric Garcia, maire-adjoint aux affaires sportives de l’époque. Pour couronner le tout, Vitry-le-François se désiste au dernier moment et la cité bragarde récupère donc l’arrivée du CLM, un fait rarissime dans l’histoire de l’épreuve cycliste. Et donc un coup de projecteur important : « D’un seul coup, en deux jours, il va y avoir de la Haute-Marne dans tous les médias », expliquait le directeur de la Petite reine, Jean-Marie Leblanc, au JHM en 2003.
Organisation
Pendant deux jours, la ville vivra dans une bulle. Le Tour de France est une grande machine bien huilée. « Ce n’était pas une grosse affaire », se souvient Michel Bernard, sous-préfet de l’époque et appui de poids dans le passage de la Grande boucle sur le territoire. « Ils ont leurs équipes qui sont habituées et qui gèrent la logistique. Les gendarmes et policiers mobilisés, c’est pareil, ils ont l’expérience de l’évènement. Je me souviens d’une grosse réunion six mois avant. La Direction départementale de l’équipement est aussi passée pour observer la chaussée. Les jours J, mon rôle était de faire face aux aléas, par exemple en cas de manifestation sur le parcours. »
Niveau Ville en revanche, la Petite reine n’est pas de tout repos : « Les services voirie, propreté, sécurité… Ils ont fait un travail de dingue avec un grand enthousiasme. C’est comme l’ambiance générale à Saint-Dizier : tout le monde était de bonne humeur. Les entreprises ont aussi joué leur rôle », ajoute François Cornut-Gentille. L’ancienne MJC (aujourd’hui centre socioculturel) accueille 300 journalistes. Son parking, de même que celui de Cora, les espaces verts autour du boulevard Henri-Dunant, les alentours de la rue Léon-Blum sont remplis de camions, de stands. La sous-préfecture est le théâtre d’un hommage à la garde républicaine. Et sur la place Aristide-Briand, « c’était une ambiance de fête, de paix, de calme. La foule qui déambulait à pied dans les rues jusqu’à la nuit claire et chaude après l’étape. Une lévitation qui n’appartient qu’au Tour », se souvient Michel Bernard. Pour l’anecdote, son cousin a disputé les éditions 2001 et 2002… mais pas 2003. Dommage, alors que son équipe (Jean Delatour) a séjourné à 50 mètres de la sous-préfecture.
Depuis 2003, l’épreuve est passée en Haute-Marne en 2005, 2009 et 2017, mais sans s’y arrêter. Saint-Dizier a failli redevenir ville d’arrivée lorsque Elisabeth Robert-Dehault était maire (2017 à 2020), d’après François Cornut-Gentille, sans que cela ne se concrétise.
Louis Vanthournout