Il résiste – L’édito de Patrice Chabanet
Maudit virus. On croyait pouvoir le coincer, en diminuer l’impact. Les chiffres le laissaient espérer : moins de cas déclarés. Et puis, patatras, depuis une semaine, la décélération a pris fin pour laisser la place à une phase plateau. L’oracle présidentiel avait fixé à 5 000, le 15 décembre, l’objectif des nouveaux cas. Or, à moins d’une semaine de l’échéance, le chiffre reste bloqué à plus de 10 000. Certes le nombre de personnes en réanimation est presque dans les clous: un peu plus de 3 000, mais ce n’est pas lui qui sera déterminant. De la statistique des cas déclarés dépendra un certain nombre d’assouplissements, dont la fin du système d’attestations obligatoires et la possibilité de se déplacer d’une région à l’autre.
Le risque imminent pour l’exécutif sera donc de choisir entre deux options qui ne feront qu’alimenter la polémique. Passer outre l’objectif reviendrait à subir l’accusation de se déjuger une nouvelle fois et, surtout, de prendre des risques sanitaires. S’y tenir mordicus accroîtrait l’impatience et le désespoir des secteurs économiques sévèrement touchés depuis plusieurs mois. Ou comment choisir entre Charybde et Scylla.
Dans la décision gouvernementale pèsera sans doute le contexte international. Sur toute la planète, la Covid reprend vigueur. L’exemple américain est sans doute le plus édifiant et le plus éclairant. La flambée de la pandémie est consécutive au Thanksgiving day qui a provoqué des retrouvailles familiales, autant d’occasions de se contaminer. A un peu plus de deux semaines de Noël et du Nouvel An, on ne peut pas ne pas penser à la répétition du même phénomène. Que la majorité de nos partenaires soit contrainte au même arbitrage, avec la certitude de prendre des coups et d’être impopulaire, ne constitue pas une consolation pour ceux qui nous gouvernent. Parfois la politique tient du pari, avec un sérieux risque de perdre.