Ignominie – L’édito de Patrice Chabanet
La profanation du village martyr d’Oradour-sur-Glane est difficilement qualifiable. Nier le massacre le plus sanglant commis en France par les troupes nazies a quelque chose d’abject. Et cela d’autant plus que tout porte à croire que les tags sont l’oeuvre de Français dits révisionnistes. Or qui peut nier la réalité d’un massacre reconnu même par le gouvernement de Vichy ? Les enquêtes, les aveux des intéressés après la guerre, le procès de Bordeaux ont parfaitement décrit les agissements de la sinistre division SS Das Reich. Appelée par l’état-major allemand pour renforcer les troupes en Normandie en difficulté face aux Alliés, elle a semé la mort sur son passage. Avant Oradour il y a eu Tulle et ses 99 pendaisons. Sans compter la kyrielle de petites communes où pour l’exemple de nombreux innocents ont été abattus. La division s’était fait la main, si l’ose dire, sur le Front Est.
Alors pourquoi, régulièrement, des profanations viennent souiller la mémoire des victimes et notre histoire ? La réponse qui vient rapidement à l’esprit est qu’elles sont le fait de sombres abrutis. Ce faisant, on exonère les auteurs de toute responsabilité. Dans notre société, comme dans le reste de l’Europe, subsistent les racines d’un mal absolu, le négationnisme. Leurs partisans parient sur l’usure du temps pour discréditer les témoignages de ceux qui ont vécu l’horreur et pour banaliser leur propre discours. Au nom de la liberté d’expression, ils veulent s’arroger le droit d’affirmer tout et n’importe quoi : nier la réalité d’Oradour ou celle de la Shoah. A l’Etat de renforcer la répression contre ces faiseurs de dénis. A l’Education de rappeler la perversité du système nazi. Oradour, c’était il y a 64 ans. C’était hier.