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Idiotie ordinaire

Le temps ne fait rien à l’affaire dit la chanson… Magistrats et avocats sont confrontés chaque semaine à l’idiotie de citoyens tout heureux de donner la pleine mesure de leur intelligence. Aux courriers anonymes des années 1940, délateurs et asthéniques préfèrent user des nouvelles technologies. Ainsi va le progrès… Au cœur d’un conflit d’une infinie bassesse opposant son fils à un de ses concitoyens, Hafida Kassoui décide de régler ses comptes en expédiant plusieurs messages d’une obscénité primaire sur l’espace Facebook du dit empaffé. Animée d’une fibre littéraire digne des envolées d’un tenancier de caboulot, l’auteur assène quelques menaces de mort avant de faire état de la supposée frivolité de la mère du destinataire.

La culpabilité de Hafida Kassoui semblait forgée. Coulés à chaud, les propos de Maître Moussa renvoyaient le tribunal à une autre réalité. «Le nom de madame pose problème dans ce dossier», assénait l’avocat en référence à l’origine maghrébine de l’identité de sa cliente. Interpelé par pareils propos, le procureur Prou-Gaillard faisait état de sa stupeur. «Madame, son mari et son fils ont été traités de “bougnoules”, les plaintes ont systématiquement été classées sans suite et je m’en étonne, poursuivait Me Moussa. La parole est libre, je suis avocat, j’ai le droit de m’exprimer et je suis sidéré de voir comment les choses peuvent se dérouler.»

Me Moussa enfonce le clou

«Je reste serein malgré ces insinuations malveillantes, je ne souhaite pas rentrer dans la polémique», soulignait le procureur Prou-Gaillard avant de requérir diverses amendes d’un montant total de 500 euros. Sûr de son fait, Me Moussa enfonçait le clou. «Dans le message précédant celui retenu dans le cadre de ce dossier, nous pouvons lire “Vive Marine”, mais mystérieusement, personne n’interprète cette allusion pourtant très claire, soulignait l’avocat. On peut également lire “La fin approche”, mais on ne retient pas cette menace de mort. La façon d’interpréter les faits pose problème, ma cliente n’a fait que répondre à ces propos, elle a été la première à être insultée et elle est poursuivie. Comment peut-on accepter cette situation ?» Soucieux d’apaiser les esprits et de prendre pleine connaissance des différents éléments du dossier, le juge Mathieu préférait mettre l’affaire en délibéré.

«Tout n’est pas si rose»

Quelques heures plus tard, l’idiotie émergeait à nouveau de stériles querelles. Accusé d’avoir tagué la vitrine d’un magasin situé à une vingtaine de mètres de son propre commerce, Aurélien Leurtillois niait être l’auteur des faits. Profitant de captures d’écran réalisées grâce aux données fournies par le système de vidéosurveillance, le juge Mathieu faisait état de «similitudes de corpulence et de coupe de cheveux». Le détaillant en articles de papeterie s’évertuait à nier tout conflit sérieux avec son confrère. «Tout n’est pas si rose entre ces deux commerçants, mon client a ouvert un magasin d’informatique puis il s’est lancé dans les fournitures de papeterie, le contentieux est né de cette situation concurrentielle», révélait Me Chapusot au nom de la victime avant de noter la «ressemblance frappante» entre Aurélien Leurtillois et la silhouette captée par le système de vidéosurveillance. «Mes contradicteurs affirment avec la foi du charbonnier reconnaître monsieur, mais soutenir une telle chose est parfaitement inexact, clamait Me Wilhelem. Il n’est pas possible d’asseoir une condamnation sur deux images fugitives présentant la silhouette d’un homme brun fumant une cigarette, éléments communs à 30 % de la population.» L’affaire a également été mise en délibéré.

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