Hûmes-Jorquenay : l’équipe municipale implose
POLITIQUE. Pas moins de quatre conseillers municipaux de Hûmes-Jorquenay, dont les deux premiers adjoints Jean-Pierre Hurson et François Spaczek, ont présenté leur démission. Ils mettent en cause la gestion de la commune par le maire, Henri Linarès.
« C’est, pour moi, une très grosse déception ». Le visage fermé, Raymond Poinsot ne cache pas avoir le sentiment d’un immense gâchis. Mais il estime ne pas avoir eu le choix. En désaccord total avec la gestion de Hûmes-Jorquenay par le maire, Henri Linarès, il a préféré adresser sa démission au préfet. Il n’est pas le seul. Rien de moins que les deux premiers adjoints, Jean-Pierre Hurson et François Spaczek, ainsi qu’un autre conseiller municipal, Franck Villetet, viennent, ces derniers jours, d’effectuer la même démarche. Pour une même raison : rupture complète de confiance avec le maire. Alors qu’il ne restait déjà plus que douze conseillers sur quinze, suite à trois premières démissions depuis 2020 (dont deux pour des raisons non-politiques et personnelles), il n’en demeure donc plus que huit au sein de l’équipe en place.
« Pourtant, on y a cru, au début, lorsqu’on s’est lancés en 2020. Nous étions très motivés. Nous avons été très déçus », confie Raymond Poinsot. Les griefs du quatuor à l’encontre d’Henri Linarès sont nombreux. Le principal porte sur la gouvernance, totalement hégémonique à leurs yeux. « Le fonctionnement de la commune se fait entre Henri Linarès et la secrétaire de mairie. Il nous avait promis une gouvernance élargie, cela n’a pas du tout été le cas. Nous ne sommes là que pour dire “oui” en conseil municipal. Et les délibérations sont présentées d’une telle manière qu’on n’a plus le choix qu’entre “oui” et “oui”. Henri Linarès se contente de nous dire que le travail a été fait en amont, et qu’il nous expliquera plus tard. Mais il ne nous explique jamais rien », lance François Spaczek, désappointé.
Vers des élections municipales partielles en mai
A l’inverse, et toujours sur la forme, certains dossiers sont littéralement abandonnés, affirme l’ex-deuxième adjoint, entre leurs mains, sans aucun suivi : « J’ai dû m’occuper du début à la fin, livré à moi-même, du marché Martel ou du bornage des captages d’eau. C’est moi aussi qui devais faire le planning des employés municipaux. Sans aucune collaboration avec le maire ». François Spaczek a fini par sortir de ses gonds. L’été dernier, il a averti Henri Linarès qu’il était impossible de continuer ainsi. « Il a alors fait son mea culpa en conseil municipal. Et des réunions de gouvernance efficaces ont été mises en place », se souvient François Spaczek, heureux de cette prise de conscience et alors prêt à passer l’éponge sur les errements initiaux. Las, « ça a duré un mois ou deux, et puis c’est reparti comme avant… ».
Sur le fond, les démissionnaires reprochent aussi une inertie complète des principaux dossiers, qu’il s’agisse du projet de salle de convivialité — « le terrain à acheter au Grand Langres est trop grand et pour l’heure non constructible ni viabilisé » —, de la prévention des inondations, ou encore de la réfection des logements communaux. Deux épisodes ont aussi grandement affecté les partants : les travaux du cimetière pour un montant semblant exorbitant, ainsi qu’une réunion avec le président du Grand Langres, Jacky Maugras, sur la future extension de l’entreprise Magna-Donnelly, qui se serait fort mal déroulée.
Ces démissions vont entraîner la tenue d’élections municipales partielles. Ces dernières auront probablement lieu en mai, après la présidentielle.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr
« Nous n’étions plus en phase »
Le maire, Henri Linarès, a pris acte de ces quatre démissions. Non sans « déception » et « sentiment d’échec ». Mais il fait preuve de réalisme : « Nous n’étions plus en phase. C’est ainsi. Maintenant, la majorité des conseillers reste soudée à mes côtés ». Répondant aux critiques, le premier magistrat récuse le procès en manque de collégialité : « Nous avons toujours travaillé en transparence, avec pour chacun la possibilité de venir voir les dossiers ». Concernant le projet de salle intergénérationnelle, Henri Linarès explique qu’une partie de la parcelle rachetée au Grand Langres est bien constructible à cet effet. Et regrette que les élus en partance, dont il loue le travail, n’aient pas compris que les dossiers prennent fatalement du temps. Lui ira « jusqu’au bout » et assure avoir réuni une liste complète, de « gens motivés et jeunes », pour les municipales partielles. Pour « poursuivre le travail » et « préparer la suite, car je ne ferai pas de troisième mandat ».
Jean-Pierre Hurson : un départ politique
Le premier adjoint démissionnaire, Jean-Pierre Hurson, tient à préciser les motifs de son départ. L’homme est malade depuis quelque temps. Pour autant, il l’affirme clairement, sa démission est bel et bien due à une rupture politique avec Henri Linarès, et en aucun cas à sa situation personnelle.
Jean-Pierre Hurson l’a indiqué dans une lettre adressée aux élus municipaux et lue lors de la dernière séance du conseil : « C’est avec amertume, et un grand sentiment d’échec que je me résous à vous annoncer ma démission, d’une part de ma fonction de premier adjoint, et d’autre part du conseil municipal […]. Malheureusement, le temps passant, je me suis rendu compte d’un dysfonctionnement dans la manière de gérer la collectivité […]. Enfin, et contrairement aux apparences, mon état de santé n’est aucunement justification à ma décision ».