Hûmes-Jorquenay : la majorité soudée autour d’Henri Linarès
POLITIQUE. Après la démission de quatre conseillers municipaux, dont les deux premiers adjoints, pour cause de profonds désaccords avec Henri Linarès, les sept élus restants font bloc autour du maire. Et rejettent intégralement la responsabilité de la crise sur les partants.
« J’ai envie d’appeler cela un complot ! ». Habituellement très discrète, Louise Mairot ne mâche pas ses mots au moment de commenter la crise politique survenue à Hûmes-Jorquenay. La conseillère municipale est catégorique : les quatre démissionnaires ont, à ses yeux, tort sur toute la ligne. Annoncées dans notre édition du jeudi 10 mars, les démissions des deux premiers adjoints, Jean-Pierre Hurson et François Spaczek, ainsi que de deux conseillers municipaux, Raymond Poinsot et Franck Villetet, ont fait l’effet d’une bombe dans le bourg de Hûmes-Jorquenay. Plus que leur départ, c’est surtout la forme de la rupture, sans concession, qui a choqué l’équipe municipale. Les quatre partants n’ont, en effet, pas eu de mots assez durs pour le maire, Henri Linarès, fustigé pour un manque de collaboration et une inertie sur certains dossiers structurants.
C’est, du moins, leur analyse. Car, à l’image de Louise Mairot, l’ensemble des sept conseillers municipaux restants s’inscrivent totalement en faux. Et font bloc autour de leur maire. A leurs yeux, ce sont surtout les démissionnaires qui, ces derniers mois, ont fait régner une ambiance délétère au sein du conseil municipal. « Je ne suis pas surpris. Cela fait un moment que j’ai lu clair en eux. Ils avaient l’esprit bien trop critique, rien ne trouvait grâce à leurs yeux », note le troisième adjoint, Jean-François Laurent. Qui, au-delà des divergences de fond, estime que les quatre partants étaient devenus « toxiques » dans leur manière d’échanger au sein de la municipalité.
Une ambiance « malsaine »
Cette appréciation est partagée par Thierry Grépin, qui a constaté « une dégradation flagrante ces quatre-cinq derniers mois. Ils étaient dans l’opposition systématique ». Cette ambiance, que Henri Linarès lui-même décrit comme « malsaine », avait même plombé le moral de Thierry Grépin : « Ces derniers temps, je venais de moins en moins en conseil municipal. A cause d’eux ». Sur le fond, les conseillers municipaux font part de leur incrédulité devant les critiques formulées. « Ils disent ne pas être tenus au courant des dossiers ? Il suffit de venir. Moi je viens deux fois par semaine, et je prends connaissance des dossiers », affirme Jean-Pierre Guillemin. Cédric Fèbvre, quant à lui, démonte les accusations d’hégémonie portées contre Henri Linarès : « Ce n’est pas vrai. Je suis là depuis 2014, et nous débattons en conseil municipal. Il m’est arrivé, en quelques occasions, d’être en désaccord avec Henri, et cela s’est très bien passé ! ».
Les élus de Hûmes-Jorquenay, incontestablement, en ont gros sur le cœur. Mais Henri Linarès l’affirme : « Si je m’engage, c’est pour aller jusqu’au bout. Dans l’intérêt général ». Les sept conseillers encore en place à ses côtés ont tous envie de continuer et de « repartir sur de nouvelles bases ». Et attendent avec espoir leurs nouveaux camarades : une liste est d’ores et déjà prête pour les élections municipales partielles qui se tiendront en principe en mai prochain.
Nicolas Corté
« Je me suis sentie harcelée »
Egalement mise en cause par les quatre démissionnaires, qui lui reprochent de « gérer la commune en binôme avec le maire », la secrétaire de mairie, Sophie Roux, n’a pas caché sa colère à la lecture de ces accusations. Et tient à faire valoir sa version. Non, elle ne gère pas la commune mais « fait simplement [s]on travail. Comme toutes les secrétaires de mairie, je prépare le conseil municipal et je suis les dossiers ».
Ces points mis sur les i, Sophie Roux contre-attaque. Et porte ses propres griefs : « Au début, ils étaient là, presque trop : ils venaient deux fois par jour, me sollicitaient le week-end… J’ai eu des déboires avec M. Hurson. Je me suis sentie harcelée par lui ». Sophie Hurson a alors sollicité une réunion de recadrage. « M. Hurson l’a très mal pris. Mais au moins, après, ça allait mieux ».