Hors de contrôle – L’édito de Patrice Chabanet
Hors de contrôle – L’édito de Patrice Chabanet
Donald Trump brûle tous les feux rouges de la logique politique, pour ne pas dire de la logique tout court. La dernière séquence de ses frasques est éloquente. Premier temps : il condamne à la fois les racistes de Charlottesville et leurs opposants. Deuxième temps : il concentre ses attaques sur les racistes et les néonazis. Troisième temps : il s’en prend à nouveau à chacun des deux camps. Etrange changement de pied qui ne s’explique que par une très grande instabilité – le mot est faible – du patron de la première puissance mondiale. L’homme est incontrôlable et imprévisible. L’ambivalence lui sert de boussole. Chaque jour amène son lot de défections dans son propre camp. Ainsi les Bush père et fils viennent de prendre leurs distances par rapport à lui. De plus en plus de grands patrons sont en train de le lâcher. La Maison-Blanche est devenue la cour du roi Pétaud. Qu’à cela ne tienne : cramponné au volant du pouvoir, Donald poursuit son gymkhana, renversant les codes de la politique et de la diplomatie. Une fuite en avant aussi grotesque qu’inquiétante.
Cette fois-ci, pourtant, il a pris un risque qui pourrait lui coûter cher. En mettant dans le même sac racistes et antiracistes, il re-légitime les premiers et rouvre de vieilles plaies dans la société américaine. Les responsables politiques, tant dans le camp démocrate que républicain, constatent avec effarement que les foucades de l’actuel président pourraient déchirer le tissu social du pays. Charlottesville a fait (un peu) oublier la Corée du Nord. Trump se montre moins menaçant et Kim Jong-Un moins provocateur. Pour combien de temps ? Les volte-face du président américain autorisent toutes les hypothèses. Il pourrait vouloir faire oublier le désordre qu’il crée aux Etats-Unis, en réactivant le contentieux avec la Corée du Nord. Avec Trump, tout est possible. Même le pire.