Hôpitaux centre et sud Haute-Marne : le Département tranche

Santé. Ce vendredi 10 février, le Département a voté 50 millions d’euros pour construire de nouveaux hôpitaux à Chaumont et à Langres. Trois élus ont voté contre, Laurence Robert-Dehault et Michel Karakula, les deux élus RN de Saint-Dizier-1 mais aussi une élue de la majorité, Magali Cartagena (Villegusien-le-Lac).

Nicolas Lacroix aurait préféré qu’aucune voix de sa majorité ne lui fasse défaut sur l’épineux dossier de l’offre de soins en centre et sud-Haute-Marne. Dossier sur lequel il a pris une position tranchée mais claire qui est d’accepter la gradation de l’offre de soins entre les hôpitaux de Chaumont et de Langres, adossés au CHU de Dijon. Avec un plateau technique unique dans la cité préfecture et la reconstruction d’hôpitaux neufs dans chacune des deux villes tout comme le maintien du centre hospitalier de Bourbonne-les-Bains.

Mais le président du Département est tombé sur un « os ». Une élue de sa majorité, Magali Cartegena (Villegusien-le-Lac), a voté contre la délibération présentée ce vendredi 10 février en commission permanente. Délibération qui rappelait la genèse du projet et actait surtout l’engagement du Département à hauteur de 50 millions d’euros sur toute la durée de l’opération. Une opération dont le coût global annoncé est de 140 millions d’euros et qui doit obtenir le soutien financier du GIP (20 millions d’euros) et de la Région. « Franck Leroy, le nouveau président, m’a assuré du soutien financier du Grand Est », a lâché Nicolas Lacroix.

« Gaspillage d’argent public »

Magali Cartagena a posément expliqué sa position estimant que deux « hôpitaux neufs », « c’est du gaspillage d’argent public. » « Quel médecin voudra venir à Langres dans un hôpital où il n’y a plus de services ? », a ajouté l’élue qui aurait souhaité que le Département tienne compte « de l’expertise des soignants de Langres. » En résumé, elle aurait préféré le soutien au projet porté par le comité égalité santé qui défendait un plateau technique unique à Rolampont.

Son binôme, Jean-Michel Rabiet, n’était pas présent mais avait donné son pouvoir à Nicolas Lacroix et a fait savoir par son intermédiaire « qu’il souhaite s’inscrire aujourd’hui dans la construction du projet acté. »

L’opposition la plus virulente à la position du Département a été celle de Laurence Robert-Dehault, élue RN de Saint-Dizier-1. « L’ARS travaille avec comme moteur central le budget et non le patient. Alors bien sûr que l’Etat est très content que vous ayez choisi la solution la moins chère pour lui (…) Vous marchez pour eux avec une solution low cost (…) Un hôpital neuf géographiquement mieux positionné aurait bien évidemment facilité le recrutement de nouveaux médecins et satisfait l’accès aux soins des usagers de l’ensemble du territoire », a avancé la député du Nord-Haute-Marne estimant que Nicolas Lacroix délaisse « le point de vue des Haut-Marnais (…)». Elle a voté contre comme son binôme, Michel Karakula.

Climat délétère

Paul Fournié (Chaumont-2), Rachel Blanc (Saint-Dizier-3), Anne-Marie Nédélec (Nogent) ont soutenu le choix fait par le Département et surtout appelé à la raison sur un dossier compliqué et clivant. « On peut avoir des positions différentes mais on ne peut pas cautionner des insultes envers les élus », a souligné Paul Fournié parlant « d’un climat malsain et hystérique. »

Un projet qui doit réussir

Nicolas Lacroix n’a pas souhaité « répondre à la polémique. » « J’écoute les Haut-Marnais, je suis beaucoup sur le terrain », a-t-il glissé dans le débat, « c’est un projet qui doit réussir (…) On n’a pas le droit de se tromper », a-t-il affirmé. Les deux conseillers départementaux de Langres, Dominique Viard et Domnique Thiébaut ont voté pour le projet. « Nous sommes en plein milieu du chaudron avec Dominique », a dit Dominique Viard. « Je ne suis pas une écervelée qui répète benoitement ce que dit son président », a-t-elle ajouté. L’hôpital de Langres future coquille vide ? « Ce n’est pas du tout notre idée », a-t-elle défendu. Dominique Viard, Rachel Blanc et Paul Fournié sont les trois élus du Département, en plus de Nicolas Lacroix, qui sont désignés pour suivre de très près le double projet.

C. C.

Magali Cartagena virée de la majorité ?

L’élue de Villegusien-le-Lac a-t-elle été virée de la majorité départementale suite à son vote sur les hôpitaux ? « Oui », dit-elle. « Nicolas Lacroix m’a appelée sur la route du retour pour m’annoncer que suite à mon vote, je suis exclue de la majorité départementale. je le savais. (…) J’ai voté en mon âme et conscience. »

« Je ne vire pas les gens comme ça », a répondu Nicolas Lacroix quand on lui a posé la question. « C’est le plus gros projet du mandat. Dès le prochain budget, nous allons voter des crédits sur le projet. Je ne vois pas comment Magali pourrait voter le prochain budget. Elle savait, et j’en ai discuté avec elle, qu’en votant contre le projet, elle sortait d’elle-même de la majorité », a expliqué Nicolas Lacroix. Poussée -ou non- vers la sortie de la majorité, Magali Cartagena reste bien sûr conseillère départementale de Villegusien-le-Lac et aura tout loisir de voter -ou non- les délibérations présentées au Département.