Hôpital : les positions se durcissent

L’assemblée générale de l’association ASSHM, représentant les usagers de la santé en centre et sud haut-marnais, a été largement consacrée à la réorganisation hospitalière. En l’absence des promoteurs de l’actuel projet, les positions et propos montent d’un cran.

Les absents ont toujours tort, affirme un proverbe bien connu. Ils ont, en tout cas, dû souffrir de sérieux problèmes de sifflements d’oreilles, samedi 23 mars, lors de l’assemblée générale de l’association Avenir Santé Sud Haute-Marne (ASSHM), représentant les usagers de santé du centre et du sud haut-marnais, tenue au pôle Urbatus de Saints-Geosmes. 

L’Etat avait été invité, en la personne du nouveau sous-préfet Eric Marochini, « qui n’est pas là et n’a même pas répondu à notre invitation », a, d’emblée, fustigé Mathieu Thiébaut, président de l’ASSHM. Les conseillers départementaux se sont également fait porter pâle. Patricia Guérin, adjointe à la Santé au sein de la Ville de Langres, avait répondu qu’elle assisterait à la réunion, mais n’a finalement pas été présente.

L’hôpital toujours en débat

En leur absence, les opinions ont été unanimes. Et, après les péripéties de ces derniers jours – conseil municipal langrois refusant d’accorder la moindre subvention à Egalité Santé et rencontre du président du Conseil départemental Nicolas Lacroix avec la nouvelle ministre de la santé Catherine Vautrin -, les positions se sont durcies. Dès lecture de son rapport moral, Mathieu Thiébaut a donné le ton, en dénonçant la « Bande des Cinq* » que constituent, à ses yeux, la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS), Nicolas Lacroix, Christine Guillemy, Anne Cardinal et André Noirot. 

« Nous pouvons le dire : le pôle de santé langrois est déjà en situation de démantèlement : suppression de lits, départ de médecins (Ndlr : le neurologue Kamen Kamenov vient d’annoncer le sien), mise à mort du laboratoire de l’hôpital… Le tout sous le regard complice des dirigeants de notre territoire ».

Le constat a été approuvé par plusieurs intervenants. François Mercey, ancien délégué syndical CFDT de l’hôpital de Langres, a notamment affirmé que « les postulants, par exemple, les infirmiers, qui veulent travailler à l’hôpital de Langres sont déjà redirigés vers Chaumont. On leur dit qu’il n’y a pas de place à Langres ». Joël Maillot, ancien directeur de la clinique de La Compassion a, quant à lui, vilipendé « un système mafieux » présidant aux décisions prises.

« Ils auront du sang sur les mains »

Le refus par la Ville de Langres d’accorder la moindre subvention à l’association Egalité Santé – ainsi que les propos tenus, en particulier de Didier Jannaud, conseiller municipal délégué aux Finances, qui a revendiqué une décision politique – ont été jugés inadmissibles par les adhérents présents. « Je ne suis pas une femme politique. Je ne fais pas de politique. Je suis une soignante sur un territoire », a asséné, en forme de réponse, le docteur Véronique Midy, co-présidente d’Egalité Santé.

Mais le plus corrosif a, sans nul doute, été Laurent Aubertot, président du PETR du Pays de Langres, qui a fait part de sa colère à l’endroit de la majorité municipale langroise : « C’est un scandale politique. Les masques sont tombés depuis 48 heures. Et je le dis : ce n’est mu par aucun véritable projet, c’est du dogmatisme. Toutes les personnes qui défendent ce chemin-là auront du sang sur les mains. Il y aura des morts ! C’est de la lâcheté ». La saillie, spontanée, n’arrangera sans doute pas les relations au sein du Pays de Langres…

Le point de non-retour semble désormais atteint, ce que résume Mathieu Thiébaut, dans une allusion transparente à Nicolas Lacroix : « Sachez que notre détermination est ferme et solide, tel un chêne qui ne saurait être abattu au bord d’une route ».

Nicolas Corté

n.corte@jhm.fr

* Il s’agit d’une référence à la coterie de Mao Zedong qui, avec quatre affidés, verrouillait le Parti communiste chinois, et a été ainsi appelée par les historiens.