L’hôpital de Langres en état d’urgence
Réuni vendredi 20 mai, le comité de pilotage “Egalité santé” en Sud-haut-marnais a révélé une situation de plus en plus précaire au sein des effectifs de l’hôpital de Langres. Lassés de la situation, plusieurs médecins sont sur le départ. Nombre de services sont sous tension.
L’hôpital de Langres est, cette fois, au bord de la rupture. Réuni vendredi 20 mai, à la Maison des services Bel’air, le comité de pilotage “Egalité santé en Sud-haut-marnais” a mis sur la table une situation désormais extrêmement tendue au sein des effectifs médicaux de l’établissement langrois. Pour rappel, ce comité de pilotage (Copil), constitué sous l’égide du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays de Langres, réunit médecins libéraux, hospitaliers, élus et représentants d’usagers afin de mener en place une réflexion coordonnée et unitaire face à la perspective de démantèlement de l’hôpital de Langres, de plus en plus redoutée.
Plusieurs médecins sont sur le départ et l’ont fait savoir à la direction hospitalière. Il s’agit des Drs Sylvie Machuca (biologie), Emmanuelle Contal (médecine interne), Mathieu Alzingre (urgences), Boubacar Diallo (cadre de santé coordinateur de l’Ehpad de La Trincassaye), Marion Nouvel (pharmacie) et Vykitas Celkis (pneumologie), qui devraient donc quitter l’établissement dans les prochaines semaines. Selon nos informations, d’autres praticiens, notamment en médecine et au sein des urgences, sont en réflexion pour suivre le mouvement.
Une situation critique
Pour le Copil, la raison de ces départs est claire et nette. Il l’impute en premier lieu au climat délétère du moment, donc aux discussions en cours, sous la houlette de la l’Agence régionale de santé (ARS), sur la réorganisation à venir de la filière hospitalière. Avec Chaumont en pôle position pour se tailler la part du lion. Il en rend également responsable la direction commune des trois hôpitaux de Chaumont, Langres et Bourbonne-les-Bains, inaccessible et silencieuse, comme ce fut encore le cas jeudi 19 mai, lors de la réunion de Chalindrey. « A leurs yeux, nous sommes des pions et les pions n’ont pas d’état d’âme », a lancé, vendredi soir, un acteur de la santé sur le territoire. « A vous entendre, l’hôpital de Langres sera fermé avant que le projet médical n’aboutisse », a réagi, sur un ton alarmiste, Laurent Aubertot, vice-président du PETR du Pays de Langres.
Chef du service des urgences, le Dr Vincent Escudier a estimé, pour sa part, que la situation est effectivement critique, « ce que je n’aurais pas dit il y a quelques semaines. L’été s’annonce terrible ». D’aucuns pourraient se consoler en se comparant : à Bordeaux, neuvième ville de France, le CHU a déjà dû fermer les urgences de nuit ces derniers temps…
Nicolas Corté
Nouvel appel à manifestation
Comme jhm quotidien l’avait déjà indiqué, une nouvelle manifestation pour la défense de l’égalité des soins en Sud-haut-marnais est dans les starting-blocks, portée par le Copil “Egalité santé”. Cette nouvelle manifestation est prévue pour le samedi 11 juin. Pour rappel, une première mobilisation, en février dernier, avait fait descendre dans les rues plus de 1 200 personnes, une occurrence historique pour la sous-préfecture langroise.
Auparavant, le Copil souhaite organiser une nouvelle réunion publique. Le rendez-vous est fixé au théâtre municipal Michel-Humbert, mercredi 1er juin, à 20 h 30. Les médecins, élus et représentants d’usagers de la santé feront le point sur la situation, et sur les annonces qui se profilent à partir de septembre. En l’état, et alors que les ateliers proposés par l’Agence régionale de santé (ARS) sont toujours présentés comme une « mascarade » par les acteurs du Sud-haut-marnais, il est craint un rapatriement général vers le futur hôpital de Chaumont (plateau technique de chirurgie commun, services de médecine, laboratoire, ne laissant à Langres qu’un Ehpad et un service de 28 lits en soin de suite et de réadaptation).