Historique – L’édito de Patrice Chabanet
Historique – L’édito de Patrice Chabanet
Elections sénatoriales en France, élections législatives en Allemagne. Ce n’est pas faire injure aux représentants de la chambre haute française que de souligner le caractère historique du scrutin allemand. Historique parce qu’Angela Merkel va occuper le poste de chancelière pour le quatrième mandat consécutif. Historique, aussi et surtout, parce l’extrême droite fait une entrée fracassante au Bundestag, en devenant le troisième parti d’outre-Rhin. Ce qui est devenu banal dans le reste de l’Europe prend une dimension particulière dans le pays qui a vu naître et prospérer le nazisme. Certes l’Afd se veut d’abord souverainiste pour faire plus propre, mais tous les nostalgiques du IIIe Reich s’y reconnaissent. Son vice-président, Alexander Gauland, n’a-t-il pas vanté les « vertus » des soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale ?
Cela dit, comparaison n’est pas raison. L’Allemagne d’aujourd’hui n’est pas à la merci d’une prise de pouvoir par les néonazis. Dans les années 30, c’est le chômage massif qui a servi de carburant au développement du national-socialisme. Ce qui n’est pas vraiment le cas en 2017, avec une situation de plein-emploi. Incontestablement, la question migratoire a desservi la CDU d’Angela Merkel et a fait les affaires de l’extrême droite. L’arrivée d’un million de migrants a heurté une partie de la population qui l’a perçue comme une invasion. L’argument du déficit démographique ne l’a pas convaincue.
La percée de l’Afd, c’est aussi le revers de la médaille des grandes coalitions à l’allemande. Ces dernières ont l’avantage de susciter le consensus entre les grands partis pour gouverner le pays. Mais elles présentent, en creux, un inconvénient majeur : l’opposition ne peut passer que par les partis extrêmes. Le SPD qui a obtenu un piètre résultat (20% des voix environ) veut désormais sortir de ce piège. Il refuse une nouvelle alliance avec la CDU, forçant au passage Angela Merkel à trouver une nouvelle coalition avec les Libéraux et les Verts. Pour la chancelière, ce quatrième mandat ne sera pas une promenade de santé.