Histoires de fous – L’édito de Patrice Chabanet
Histoires de fous – L’édito de Patrice Chabanet
Deux événements bien distincts apportent des arguments à la défiance citoyenne : l’exclusion des Constructifs et le feuilleton du glyphosate. Plus personne n’y comprend rien ou, plutôt, chacun comprend trop bien que derrière le sérieux des déclarations se jouent des histoires de fous. Chez les Républicains, cela fait des semaines qu’on nous annonce des décisions radicales à l’encontre des dirigeants qui ont choisi le camp Macron. Et chaque fois la décision est reportée. Avant-hier soir, le quorum nécessaire n’était pas atteint. Rachida Dati, l’ancienne garde des Sceaux, a commenté ce nouveau ratage : « dîner de cons ». Emmanuel Macron a beau pâtir d’une cote de popularité faiblarde, il peut se consoler avec le « bordel » qu’il a semé à droite.
Dans le dossier du glyphosate, on joue là aussi « la suite au prochain numéro ». Les représentants des Etats membres de l’Union européenne devaient se prononcer hier sur le renouvellement de la licence du produit. Résultat : le comité ad hoc a finalement préféré fixer une nouvelle réunion. Il faut dire que l’addition d’un mode de décision complexe – la majorité qualifiée – et de profonds désaccords entre les Etats-membres aboutissent à une situation de blocage. Une aubaine pour tous ceux qui veulent en découdre avec l’Europe et sa technostructure. Ils oublient au passage qu’à l’intérieur de chaque pays la question divise profondément, entre les partisans du maintien de la licence à Monsanto et les tenants d’une interdiction immédiate. Il n’empêche, l’image de décideurs incapables de se mettre d’accord s’imprime dans une opinion publique de plus en plus sceptique.
Cela dit, les histoires de fous ne sont pas l’apanage de ceux qui nous dirigent. Dans la France d’en bas, comme dirait Jean-Pierre Raffarin, d’étranges initiatives voient le jour. Ainsi, à Bordeaux, un slogan apparaît sur des affichettes : « Parisien, rentre chez toi ». C’est à ces petits détails qu’on peut identifier le malaise français. A moins qu’il ne s’agisse des effets du glyphosate dans le vignoble bordelais…