Haute-Marne : la moisson 2021 s’éternise et s’enlise – Le point avec EMC2 et Sepac Compagri
La moisson 2021 extrêmement prometteuse est fortement impactée par les conditions météorologiques qui empêchent d’entrer dans les parcelles. Les qualités et les quantités se dégradent au fil des jours.
Comme écrit la semaine dernière, dans cette même rubrique “Monde rural”, la suite de la moisson 2021 est à la merci de la météo. « Elle déterminera les conditions de travail, la préservation des rendements et le maintien de la qualité ». Chaque jour pluvieux qui passe égraine les espoirs des céréaliers alors que le potentiel était exceptionnel.
A EMC2, Stéphane Certain, le chef de la région sud, évoque un état d’avancement de 40 % alors que, les années précédentes, la moisson était déjà terminée. Il entre dans les détails : 100 % pour les orges d’hiver, 30 % dans les blés et 20 % pour les orges de printemps. Ce retard entraîne de nombreuses inquiétudes d’autant plus que les prévisions météorologiques pour les jours à venir sont à la pluie.
Stéphane Certain explique qu’avant les précipitations et plus particulièrement celles du 14 juillet, les blés étaient « prometteurs » en termes de rendements et de qualité encore davantage dans les terres superficielles que les terres profondes. Désormais, il craint une dégradation des qualités avec , pourquoi pas,des germinations ». En rendement, les premiers echos sont environ de 70 q/ha pour les blés. Le chiffre reste à confirmer.
Pour les orges d’hiver, Stéphane Certain donne un écart de 55 à 85 q/ha avec des taux de protéines corrects et un poids spécifique faible. En colza, la fourchette, pour EMC2, va de 20 à 30 q/ha voire 32.
Pour répondre aux conditions de récolte, la coopérative a revu à la hausse les taux d’humidité (18) sans frais de séchage. Et, à la demande des agriculteurs, elle a assoupli les horaires d’ouverture de ses silos. Le but est de travailler au mieux le grain, d’intervenir au plus vite et de réussir l’allotement. Face à un travail complexe avec l’arrivée de toutes les espèces en même temps, EMC2 s’adapte aux besoins de ses producteurs.
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
Des volumes corrects mais la qualité inquiète
Chez Sepac-Compagri, selon Jean-François Ferrand qui a en charge la collecte, les orges d’hiver sont quasiment terminées. Il reste à faire : 30 à 40 % des blés, 20 à 30 % des colzas, 60 % des orges de printemps, 75 % des pois et quasiment 100 % des lentilles.
Il explique, à son tour, que la moisson se présentait sous les meilleurs auspices avec un nombre de grains au m² très élevé. Les premières fauches allaient dans cette logique avec, en orges d’hiver, une fourchette de 55 à 75 q/ha, une qualité dans la norme en protéines et un calibrage moyen autour de 82. Par contre, la fin de cycle humide, avec peu de luminosité, a fait chuter le poids spécifique en dessous de 61.
Jean-François Ferrand explique que « dans les zones les plus précoces, le mécanisme de dormance des grains est levé et le phénomène de germination a commencé ». Cette dormance peut être levée de deux manières : par des températures très froides et/ou par un cumul important de précipitations. Le second critère est en cause cette année avec, en plus, une particularité : « les graines qui germent le plus sont celles qui ne sont pas totalement à maturité ». Elle n’avait sans doute pas mis en place leur mécanisme de dormance.
La forte capacité d’intervention des agriculteurs a permis de sauver les blés selon les zones de maturité. Le poids spécifique s’établit entre 74 et 76 et l’indice de chute de Hagberg de 190 à 280. Il détermine l’aptitude d’un blé à être utilisé dans les industries de cuisson. Inutile de dire que les agriculteurs (et Sepac) sont impatients de rentrer le reste de blé pour stopper la dégradation des deux données.
Toujours en blé, les rendements vont aller de 55 à 80 q/ha avec des accidents fréquemment observés en rendement et en PS sur des rotations paille sur paille. En pois, la qualité est très hétérogène avec, pour ceux qui doivent encore être récoltés, « l’obligation d’un travail soigné pour une mise en marché incertaine ».
En colza, malgré une sole très en recul, les rendements vont de 20 à 37 q/ha avec un poids aux 1 000 grains correct. Pour Jean-François Ferrand, « malgré les problèmes techniques dans la gestion de la grosse altise, cette culture suscite, de nouveau, l’intérêt de certains agriculteurs ».
Des mesures d’accompagnement
Pour faciliter l’avancement de la moisson, Sepac-Compagri maintient ses mesures d’accompagnement en matière d’humidité sur les cultures brassicoles et sur le blé. L’organisme estime que « la vigilance sera un point crucial de l’année afin d’atteindre la pleine valorisation de la récolte ». Jean-François Ferrand poursuit : « sur des années compliquées comme celle-ci, les organismes stockeurs retrouvent leur cœur de métier en préservant la qualité technologique et sanitaire du grain dans le but d’approvisionner les filières (meunerie, maletrie, amidonnerie, marché de la protéine végétale…).
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