L’eau commence à manquer
En charge de la police de l’eau, les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) rappellent la nécessité de préserver l’eau en cette période chaude et sèche où le niveau « Alerte » et « Alerte renforcée » est déclenché en Haute-Marne. Un appel au bon sens qui sera suivi de sanctions en cas d’abus.
Lacs, rivières et nappes phréatiques sont au plus bas. La situation est préoccupante. C’est pourquoi l’Office français de la biodiversité a lancé une campagne de communication au plan national. Elle est déclinée par les équipes départementales. En Haute-Marne, la mission incombe à Vincent Montibert, directeur de l’OFB 52 et Pascal Renard, responsable de l’unité territoriale nord.
Le seuil le plus bas depuis 2012
Le rendez-vous était fixé ce mercredi 27 juillet sur les rives du Rognon, à Andelot. Enfin, sur les rives ou dans le lit, peu importe puisqu’il n’y a plus d’eau. Comme la Blaise, l’Aujon, la Suize ou la Sueurre, ce cours d’eau est à sec sur certaines portions. Depuis plusieurs années, les assecs sont devenus récurrents.
Mais en cette année 2022, c’est encore pire. « Nous connaissons le seuil le plus bas depuis 2012 », résume Vincent Montibert. Les niveaux d’eau sont ceux que l’on connaît généralement à partir du 15 août. « Il n’y a jamais eu autant de stations asséchées », complète son collègue, Pascal Renard. L’OFB est en charge de la surveillance du réseau de l’Observatoire national des étiages (Onde). Concrètement, cela se traduit par la surveillance très régulière de 30 stations sur les rivières du département, à des dates constantes.
Le 25 juillet, l’écoulement de l’eau était visible et acceptable pour onze de ces trente stations. Il était faible pour trois d’entre-elles et non visible pour deux stations. Pire, des assecs étaient observés pour quatorze points de contrôle.
Vous pourriez être intéressé par cet article :
Des usages limités et des amendes
Les agents de l’OFB ont effectué des contrôles afin de vérifier que les arrêtés d' »Alerte » ou d' »Alerte renforcée » liés à cette situation inquiétante sont bien respectés. « Nous avons fait de la prévention, mais nous allons poursuivre les contrôles dans les jours à venir », reprend Vincent Montibert pour lequel il n’est pas exclu d’établir des contraventions. Pour mémoire, le code de l’environnement prévoit jusqu’à 1 500 € d’amende en cas de non-respect d’un arrêté limitant les usages de l’eau. Cette somme peut atteindre 3 000 € en cas de récidive.
La situation est nationale : des arrêtés ont été pris dans 89 des 95 départements français. Juillet a connu une pluviométrie exceptionnellement faible conjuguée à des chaleurs exceptionnelles. Un cocktail mauvais pour la ressource en eau. « L’eau se réchauffe. On peut s’attendre à un développement des cyanobactéries », prévient Vincent Montibert. Et donc à des interdictions de baignade pour les points d’eau concernés.
Économiser l’eau : une urgence
Plus grave, l’eau potable pourrait venir à manquer. « La commune de Celles-en-Bassigny fait déjà l’objet de ravitaillements par citernes », mentionnent les représentants de l’OFB. « La situation est préoccupante. Et il ne s’agit pas que de la biodiversité. Ce n’est pas le jour où l’on n’aura plus d’eau en tournant son robinet qu’il faudra s’en rendre compte », alerte Vincent Montibert qui appelle à économiser l’eau. « C’est l’affaire de tous : particuliers, collectivités, entreprises et agriculteurs », poursuit Pascal Renard.
Limiter les bains, raccourcir les douches, gérer le débit des chasses d’eau… Ces petits gestes peuvent être facilement réalisables. Mais globalement, peut-être serait-il utile de réfléchir à un stockage de l’eau en période de fortes pluies, comme avancé par les deux élus d’Andelot présents au moment du passage des équipes de l’OFB dans le village.
Jusqu’au 11 août, pas une goutte de pluie n’est annoncée. Il va donc falloir prendre son mal en patience. « Les végétaux sont en détresse hydrique. Les arbres perdent leurs feuilles et cela accroît aussi les risques d’incendie. Par chance, on a peu de vent », mentionne le directeur de l’OFB. Ce n’est donc pas le moment d’abandonner un mégot dans la nature…
Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.fr
Les zones en alerte
Alerte : Aube amont ; Blaise ; Marne amont ; Saulx-Ornain ; Seine amont ; Tille Vingeanne
Alerte renforcée : Meuse amont ; Saône amont.
Quelles sont les limitations d’usage ?
Niveau « Alerte ». Arrosage des pelouses, potagers et fleurs interdit entre 11 h et 18 h. Arrosage des espaces verts interdit sauf pour les arbustes plantés il y a moins d’un an (à arroser entre 18 h et 11 h du matin). Remplissage des piscines privées interdit mais mise à niveau autorisée. Lavage des véhicules par les professionnels interdit sauf avec du matériel haute pression ou avec un système de recyclage de l’eau. Lavage des véhicules chez les particuliers interdit.
Nettoyage des façades, toitures, trottoirs interdit sauf si réalisé par une entreprise de nettoyage professionnel. Alimentation des fontaines d’ornement interdit en circuit ouvert. Arrosage des terrains de sport interdit entre 11 h et 18 h. Arrosage des terrains de golf interdit de 8 h à 20 h. Irrigation des cultures interdite entre 11 h et 18 h (sauf prélèvements à partir de retenues de stockage). Irrigation des cultures au goutte à goutte autorisé. Abreuvement des animaux autorisé sans limitation. Remplissage et vidange des plans d’eau interdit. Prélèvement en cours d’eau interdit (sauf pour le bétail et le maraîchage).
Niveau « Alerte renforcée ». Les interdictions énumérées au seuil « Alerte » restent toutes valables et se durcissent. Voici ce qui change.
Arrosage des pelouses et massifs fleuris interdit. L’arrosage des jardins et potagers est interdit de 9 h à 20 h. L’arrosage des terrains de sport est également interdit entre 9 h et 20 h. L’arrosage des golfs doit être réduit de 60 % : ne sont arrosés que les greens et départs. L’irrigation par aspersion des cultures est interdite entre 9 h et 20 h.