Haut-le-cœur – L’édito de Patrice Chabanet
Il en est de cette campagne comme de celles qui l’ont précédée. Elle favorise l’irruption de tous les excès. Généralement, de manière tacite, les candidats ne se hasardent pas sur les terrains glissants. Eric Zemmour, lui, est passé outre. Une fois de plus. Sur un coin de table il a proposé que les jeunes handicapés ne jouissent pas du même traitement que les autres élèves. Il y voit une obsession maladive de l’inclusion. Or, en termes clairs, rejeter l’inclusion, c’est prôner l’exclusion. Le polémiste qui se pique de bien connaître la langue de Molière devrait le savoir. Face à la bronca qu’il a déclenchée dans toute la classe politique (un exploit…), Zemmour a tenté de se raccrocher aux branches. Sans succès. C’est son moi profond qui a parlé. Il abhorre la différence.
On doit rappeler à cette occasion que tous les spécialistes s’accordent à dire que l’immersion des handicapés dans un environnement dit “normal” les fait progresser. A l’école, la bienveillance naturelle des petits camarades constitue une belle leçon pour les adultes : l’idée d’exclusion ne leur traverse même pas l’esprit. Le copain handicapé est un copain comme les autres. Un soulagement, au passage, pour les parents. Un enfant non inclus ce sont en effet des parents stigmatisés. C’est bien pourquoi les partis sont vite montés au créneau pour dénoncer les propos nauséeux de Zemmour. Ils y voient une embardée vers une autre dérive : le tri entre les inclus et les exclus. L’Histoire nous en a fourni des exemples glaçants. Restons positifs, malgré tout : la réaction spontanée de tout l’arc politique nous montre que la démocratie, même affaiblie, a encore de beaux restes et sait dire non à l’inacceptable.