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Harcèlement : les gendarmes invitent 200 élèves à réagir

Avec la dissuasion et la répression, on oublie souvent que les gendarmes remplissent une 3e mission : la prévention. Dans ce cadre, la gendarmerie de Langres a appris à deux fois cent élèves du lycée Diderot à s’interdire le harcèlement, et à ses victimes, à s’en défendre.

« Ce que je vois, c’est que le harcèlement est toujours caché derrière le rire ». Première réaction dans l’auditorium à une vidéo qui vient d’être projetée. Le calvaire d’un élève traqué par les moqueries y a été décrit efficacement, les lycéens sont invités à réagir. « Il faut l’exclusion immédiate pour les harceleurs ! ». Et puis plus rien, comme si les jeunes gens étaient sonnés. L’adjudant-chef Céline Armange, en binôme avec l’intervenante sociale Manon Brasseur, personnel du Grand Langres rattaché à la brigade des militaires, précise qu’avant de penser répression, il faut enquêter. Et… c’est son métier. « Audition de témoins, réalisation d’examens médicaux, lecture des images de vidéo-surveillance… Le préalable, c’est la caractérisation des faits ». Un élève s’inquiète de savoir comment une victime harcelée peut appeler au secours. « Tu peux écrire aux forces de l’ordre, par chat’ ou par mail sur le site de la brigade numérique. En tout cas, de te rapprocher d’un adulte ». Loin du duo d’intervenants, ça pouffe tout bas. A croire que l’adjudant-chef entend même les chuchotements. « La bienveillance, ce n’est pas de rire quand quelqu’un s’exprime ». Recadrage en phase avec le thème de la session pour l’élève en cause, qui moquait le camarade qui se préoccupait des victimes.

Intervention péchue du binôme adjudant-chef Céline Armange-intervenante sociale rattachée à la brigade Manon Brasseur (©JHM).

Supprimer le contenu de son mobile, c’est peine perdue

« Qui n’a pas de téléphone mobile ? ». Aucune main ne se lève. « Qui n’a pas de compte sur les réseaux sociaux ? ». Toujours pas de main. Manon Brasseur s’abstient de commenter, les lycéens ont parfaitement compris la passerelle : le harcèlement se passe rarement de déclinaison cyber. « Aucune photo, aucune vidéo ne s’efface jamais sur le web ». Dans les gradins, on sursaute. « Mais ça reste où ? ». Eh bien, les données des réseaux sociaux sont stockées hors de France. Bref, dans des bunkers dont les propriétaires gardent les clés. « .. et tout ce que vous tentez de supprimer de vos mobiles… ne s’efface pas davantage ». Au lycéen qui entreprend de distinguer le témoin du complice parmi « les personnes qui ne font rien » devant une séance d’humiliation d’une ado, la réplique du gendarme est instantanée : « au lieu de filmer avec ton mobile, tu préviens de ce qui arrive ». Cueilli, le raisonneur.

Jamais loin, le mobile et ses réseaux sociaux… (©JHM).

Les peines encourues tourmentent

« Un an de prison et 15 000 € d’amende, c’est la peine de base pour un harceleur ». Et une enquête peut s’engager sans qu’une plainte ait été déposée. La température dégringole sacrément dans l’amphi. « Si vous êtes mineur, qui passe à la caisse ? ». A cette question-là… tout le monde a bon. Le détail des peines encourues active la curiosité des lycéens. Au point que l’adjudant-chef se fait patelin. « Mais vous n’avez pas à vous soucier des peines car vous n’êtes pas des harceleurs ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

 Plus de vacances pour les harceleurs

« C’est un phénomène émergent, et les faits sont de plus en plus judiciarisés ». Il y a alors « un volet pénal » : le capitaine Sébastien Roché justifie que la sensibilisation revienne aux gendarmes. « Nous distinguons avec peine harcèlement et harcèlement scolaire : une fois en place, il est désormais constant ». Finie, la trêve des vacances. « Insultes, chantage au nude… les enfants sont durs. Sans forcément s’en rendre compte ». Et « l’effet de groupe n’aide pas… ». C’est à un isolement absolu que confine le harcèlement, aux issues parfois dramatiques pour ses victimes. « Les auteurs ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes ». Absente, la responsabilité… et défaillante, l’appréciation de l’environnement. « Ils croient à l’effacement de leurs posts… ». C’est oublier que sur le web, les empreintes numériques sont indélébiles.

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