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Harcelé, il se réfugie dans le travail, consulte un psy… et éclot : exemple de résilience

Harcelé, il se réfugie dans le travail, consulte un psy… et éclot : exemple de résilience

Harcelé, il se réfugie dans le travail, consulte un psy… et éclot : exemple de résilience
Si Nicolas se confiait à ses parents, il ne leur disait pas tout.

Deux ans durant, Nicolas* a été la cible de harceleurs avec lesquels il était à l’internat d’un lycée de Haute-Marne. L’ado s’est réfugié dans le travail, et il a accepté de suivre le conseil de ses parents : consulter un psy pour tout déballer de ses tourments. Et Nicolas a éclos. Un exemple de résilience.

« À son entrée en 6e, Nicolas était peu expansif, mais il avait des copains, ça se passait bien ». Ses parents s’installent à l’autre bout du monde, très loin de l’Hexagone. Quatre années pendant lesquelles le fiston s’épanouit autant en classe que dans le sport. « Il avait de très, très bons résultats scolaires, avec 18 ou 19 de moyenne ». Toutefois, sa mère et la fratrie alertent le chef de famille : « il faudrait que tu le fasses redoubler ». Dans son collège, qui intègre la classe de seconde, le niveau scolaire est loin d’égaler celui des établissements en Métropole.

« Je n’ai pas voulu les écouter », admet le père de Nicolas. Au retour de la famille dans l’Hexagone, l’adolescent entre en classe de première, dans un lycée haut-marnais, hors de la cité-préfecture. Et là, finies, les années à être chouchouté. Ses copains de 6e ont rejoint Chaumont, Nicolas reprend sa scolarité sans aucun repère amical. Il est interne.

« Il nous en disait déjà pas mal… mais pas tout »

« Ils étaient quatre élèves par chambre. Très rapidement, ça a commencé à être très, très dur… ». Les tourmenteurs s’en prennent à Nicolas en dehors des journées de classe, pendant lesquelles une lycéenne au tempérament de leader le protège. Reste que, le soir venu, ils versent de l’eau dans son lit, qu’ils « mettent en cathédrale » au beau milieu de la nuit, lui dérobent ses draps… Nicolas raconte ce qu’il subit à ses parents, du moins un peu. « Il nous en disait déjà pas mal… mais pas tout », assurent-ils. Le lycéen se confie aussi à l’infirmière scolaire. « Elle n’a pas su quoi faire ». Le père de Nicolas souhaite rencontrer les parents des jeunes gens. Son idée n’est pas retenue et l’infirmière « punit » les tourmenteurs. Aujourd’hui, le père de la victime reste convaincu qu’ « il ne fallait surtout pas faire ça », sans en vouloir à la professionnelle, qui s’était simplement montrée « maladroite ». Toujours est-il que les harceleurs sont galvanisés par la sanction, et redoublent leurs assauts.

« Je ne savais pas comment notre fils tenait le coup »

Harcelé, il se réfugie dans le travail, consulte un psy… et éclot : exemple de résilience
Deux ans durant, Nicolas a dû supporter des harceleurs à l’internat.

« Je ne savais pas comment Nicolas tenait le coup ». Heureusement, actent ses parents, des professeurs se montrent « très humains ». Las, « ils ne peuvent rien faire ». Il n’y aura jamais de rencontre avec la direction. Trois ou quatre mois que le fiston endure un cauchemar, le père se met à lui rendre visite un après-midi par semaine. « Je pense que c’est heureux qu’il ait eu un psy pour le soutenir » – le professionnel le reçoit au même rythme. « Après, je restais avec lui un peu, on allait prendre un petit café ». Au moins Nicolas peut-il dire à un tiers toutes les misères qui lui sont faites. Il se trouve qu’elles vont perdurer en classe de terminale…

Destin remis à l’endroit

« Je le voyais malheureux en repartant au lycée, tout seul dans l’autobus… ». Peu à peu, l’adolescent trouve un « pare-feu », en « se réfugiant dans le boulot ». Il décroche son bac avec la mention Bien.

Sans avoir une seule fois livré les noms de ses harceleurs, il quitte le lycée et part de la Haute-Marne pour poursuivre ses études. Cette fois, il trouve un copain d’internat solide. Ses parents, la lycéenne qui s’était improvisée protectrice, soufflent. « On avait peur qu’il finisse par faire une bêtise… ». Le terme de « résilience » est actuellement tendance, sans qu’on sache forcément ce qu’il signifie concrètement. L’histoire de Nicolas peut l’illustrer. Après avoir décroché un diplôme fort respecté, choisi un secteur professionnel qu’il adore, le jeune homme mène une vie de couple harmonieuse. Le petit Nicolas a grandi contre des vents contraires, auxquels il a su résister dans la durée. Avec le soutien aimant de ses parents et l’écoute bienveillante d’un professionnel, il a retourné son destin à l’endroit.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr 

(*) prénom d’emprunt

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