Hallucinant – L’édito de Christophe Bonnefoy
On croit d’abord à un compte parodique sur Twitter. Puis on relit. On réécoute. Et on hallucine. Le trublion de la France insoumise, Louis Boyard, n’en est pas à son coup d’essai. On a l’habitude de ses petits dérapages – disons plutôt ses provocations – plus ou moins contrôlés et on cerne désormais définitivement son sens politique très particulier.
Et il se confirme, finalement, que le député LFI ne doit pas réellement considérer l’Assemblée nationale comme un sanctuaire. Même pas comme une ZAD. Plutôt comme une cour d’école. Et encore, on n’est pas là dans les grandes sections. Plutôt dans le très bas âge. Le Parlement semble, pour lui, être le lieu où le buzz doit l’emporter sur les raisonnements construits et sérieux, en définitive. Certes, c’est sur les réseaux sociaux que le jeune homme vient encore de sévir. Reste qu’il est député. On est obligé de faire le parallèle entre ses actions dans et hors hémicycle.
A deux jours du 7 mars et des grèves monstres qui s’annoncent, le voilà qui lance le “blocus challenge”. Une sorte de concours qui penche plus vers la blague ridicule de potache que vers l’action sensée d’un représentant du peuple. En substance : « Tu bloques ton lycée ou ta fac, tu prends la plus belle photo de ton blocus et tu auras peut-être la chance d’être tiré au sort pour aller visiter l’Assemblée nationale ».
Et après ? Le but est-il de ramener la jeunesse vers le sujet politique ? Sans doute pas. La politique, justement, dans son sens le plus noble, c’est autre chose.
On pourra toujours dire que certains de nos représentants n’ont pas toujours fait honneur à leur discipline. Les “affaires” passées sont notamment là pour le rappeler. Mais le passage naturel – et nécessaire ? – d’une vieille garde parfois rejetée par les électeurs à une autre, plus moderne et plus proche des Français, ne se fera pas par des jeux-concours… Le buzz, ça peut être drôle. Mais la période nécessite plutôt que nos députés gardent les pieds sur terre. Et se conduisent en adultes.