Hachette et Driout : la métallurgie optimisée
Hachette et Driout compte parmi les entreprises les plus emblématiques de Haute-Marne et de Saint-Dizier. Elle est la dernière en date à avoir eu les honneurs d’une visite présidentielle. Ce qui touche cette fonderie-là touche son territoire. Davantage encore qu’une entreprise, c’est un symbole.
Thierry Cuzor, président de Hachette et Driout Industrie, a pris la mesure de tout cela. À Saint-Dizier, le voilà aux manettes (notamment) d’une des fonderies d’acier moulé les plus innovantes au monde. Trois unités de production à la pointe de la technologie sont à même de produire des pièces de 80 kg à 10 tonnes. L’éventail du poids de ces pièces est un premier indice pour évoquer la complémentarité affirmée avec par exemple Ferry Capitain ; ces deux entreprises haut-marnaises sont deux des pépites du groupe Compagnie Industrielle et Financière de Bussy (CIF).
L’usine bragarde travaille des aciers très “alliés” : la composition de la “soupe” s’avère extrêmement pointue. La métallurgie, ce savoir-faire exceptionnel qui permet de doser aux petits oignons chacun des éléments attendus de la fonte, est sans doute le point le plus fort de l’entreprise. Cette métallurgie envisagée ici comme compétence, est servie par un outil que bien peu de concurrents maîtrisent : l’Argon Oxygène Décarburisation (AOD). Ce dispositif permet d’affiner de manière extrêmement précise des aciers très pointus, aux caractéristiques exceptionnelles. Cela tombe bien : c’est justement sur le marché valorisant des pièces très complexes, toujours haut de gamme, qu’Hachette se positionne.
Ces pièces hors normes iront équiper les véhicules ou les engins de l’univers des travaux publics. D’autres sont commandées par la pétrochimie (robinetterie, pompes etc.) ou encore le ferroviaire (transports de voyageurs) et le nucléaire. Les enjeux sont tels qu’on ne pénètre pas ces filières-là sans montrer patte blanche, sans démontrer l’excellence de son savoir-faire. Dans le nucléaire par exemple, bien connue et en collaboration avec EDF pour le marché français, Hachette et Driout vise également les marchés russe et chinois ; l’entreprise “joue” dans la cour des très grands.
Il a naturellement fallu mettre l’outil de production à la hauteur des ambitions. L’organisation du travail a fait l’objet d’intenses réflexions. Les flux en ligne sont optimisés. La cohérence, la rigueur sont de mise à tous les échelons. La productivité y a gagné. Ce qui est valable à l’atelier de moulage ou à la fusion l’est en fait partout. Non seulement Hachette sait faire ce que demande son client qui apporte un plan, mais Hachette vend aussi des solutions en amont et en aval de la coulée ; un peu comme si la pièce restait un élément majeur, primordial, mais plus seul de ce que vend Hachette. Autour de la pièce figure la compétence pour concevoir quand ce n’est pas suggérer, améliorer, et ensuite parachever.
Hachette reste un fondeur, mais est de plus en plus un fournisseur de solutions complètes. Il s’agit d’entraîner le client dans la chaîne de valeur la plus longue possible. Il s’agit de se présenter au client comme le possible et rassurant seul intervenant du business en cours. Tout démarre lorsque le client établi son cahier des charges. Dans l’hypothèse idéale, cela finit à la livraison d’une pièce aboutie.
Théorie que tout cela ? Nenni ! Hachette maîtrise déjà toutes les étapes de la démarche. Partout, dans tous les ateliers et les bureaux, les hommes sont montés en compétence. Cet effort invisible et tellement précieux est passé par du recrutement externe et de la formation interne.
Parallèlement, Hachette a musclé sa force commerciale ; cette mutualisation fait partie des avantages du rapprochement avec Ferry Capitain. Ici, le terrain de jeu, c’est la planète.
Tels sont les défis que doit relever Thierry Cuzor chaque matin. Il s’y emploie avec méthode, avec rigueur. C’est sa marque de fabrique de cet ingénieur passé par les rangs de l’Ecole supérieure de fonderie. Il n’a pas pour autant occulté le reste, quand il se lâche et confie son amour du métier. «La pièce coulée est vivante» risque-t-il en observant la réaction de son interlocuteur. Parce que c’est vrai.