Gulbis, Letton massif
Un temps disparu de la circulation, le Letton Ernests Gulbis a fait (re)parler son talent, hier, signant la surprise du jour avec sa victoire sur Roger Federer. Côté français, c’est la déconfiture. Gasquet et Tsonga ont été sortis après des matches insipides. Pauline Parmentier, elle, a fait ce qu’elle a pu.
Ernests Gulbis est de retour. Il l’avait annoncé au tour précédent, après sa victoire en trois sets contre Stepanek. Il en a offert la confirmation, hier, en sortant Roger Federer. Le Suisse n’avait jamais perdu une seule fois à Roland-Garros en cinq sets.
Ce match solide a crédité la thèse du renouveau du Letton de 25 ans. Il y a un an, il se traînait à la 136e place mondiale, plombé par ses mauvais choix, ses maladroites sorties, son caractère de cochon et ses prises de position à l’emporte- pièce. Verrouillé sur le circuit ATP pour être retombé trop bas, Gulbis, qui n’avait plus foulé Roland-Garros depuis 2008 et un quart de finale perdu contre Djokovic, en était même à perdre sur des “Challengers”.
Conséquence de l’arrivée dans sa vie d’un nouveau coach, Günther Breisnik (ex-entraîneur d’Henri Leconte et Boris Becker) ou fruit d’une remise en cause personnelle ? Trop tôt pour le savoir. N’empêche, Gulbis pointe aujourd’hui à son meilleur classement mondial (17e) et valide la qualité de jeu entrevue la semaine passée, lors de sa victoire au tournoi de Nice. En parvenant à s’appuyer sur son puissant service (le plus rapide a été flashé à 222 km/h) et en contraignant Federer à camper loin derrière sa ligne de fond de court, Gulbis s’est donné les moyens de ses ambitions.
Djokovic expéditif
Il s’est aussi montré à la hauteur de sa réputation en cassant une raquette, puis en jouant l’intox en prenant une longue pause médicale dans une fin de quatrième set qui lui échappait. Le choix, fair-play ou pas, était payant. A 5-2 pour Federer, le Suisse se déréglait totalement pour boucler péniblement la manche (6-4) et flancher dans la suivante, après un break rapidement concédé (6-7, 7-6, 6-2, 4-6, 6-3). « Je suis très déçu, même un peu fâché. J’étais bien physiquement et mentalement prêt à ce combat. J’ai raté beaucoup trop d’occasions », a déclaré Roger Federer. Le Suisse aurait pu en effet se rendre la tâche bien plus facile, s’il avait converti, dans la deuxième manche, son smash à 5-3, 40/15.
Novak Djokovic, lui, n’a pas flanché. Le Serbe, comme à l’en- traînement, s’est baladé contre Jo-Wilfried Tsonga, totalement transparent et qui a subi, hier, la plus grosse défaite de sa carrière en Grand Chelem (6-1, 6-4, 6-1). Cette rencontre, que tout le monde présentait comme le choc de la journée, s’est finalement dégonflée comme un vieux ballon de baudruche. «Je n’ai pas bien débuté et ensuite, ça a été l’engrenage. Il y a un désagréable sentiment d’impuissance. Il a été meilleur, c’est tout», a simplement indiqué Tsonga, fataliste.
Parmentier a manqué de jus
Et comme souvent, le public français reste sur sa faim. Il n’y a plus qu’un représentant tricolore en deuxième semaine. En matinée, le miracle Gasquet s’est évanoui. Très mal engagé la veille contre Fernando Verdasco, le Français, mené deux sets à rien, n’a pas su mettre la nuit à profit pour retrouver la puissance et la fraîcheur qui lui avaient fait défaut (6-3, 6-2, 6-3). Blessé au dos pendant les deux mois qui ont précédé le tournoi, sa défense était toute trouvée. « Il était juste trop fort. Le match contre Berlocq m’a fatigué et j’avais des courbatures. Je n’ai aujourd’hui pas la caisse, les appuis et la force pour le contrer, a-t-il ainsi justifié. C’est déjà largement inespéré que je me sois qualifié au troisième tour. Quatre jours avant le début du tournoi, je ne parvenais pas à servir… »
Chez les filles, le dernier espoir tricolore, Pauline Parmentier, n’a pas connu davantage de réussite. Malgré un premier set accroché, où elle avait trouvé les ressources pour débreaker avant de lâcher d’un rien (6-4), la Française, mitraillée sur un revers plus fragile,
a subi la puissance de l’Espagnole Muguruza, intraitable sur sa ligne de fond de court (6-2). Hier, la France a fait chou blanc. A Gaël Monfils d’apporter, aujourd’hui, contre Guillermo Garcia-Lopez, ce grain de folie et cette révolte qu’on a attendus, hier. Pour rien.
De notre envoyée spéciale à Roland-Garros : Delphine Catalifaud