Gueule de bois – L’édito de Patrice Chabanet
L’Occident – et pas seulement les Etats-Unis – vient de prendre une grosse claque. La défaite sans coup férir et sans gloire de l’armée afghane nous a ramenés en 1975, lors de la chute de Saigon. Mais en plus lamentable. L’armée sud-vietnamienne s’était battue peu ou prou. Là, rien. Le vide absolu. Une partie de la population, inutile de le nier, a laissé faire. Mais, pendant 20 ans, quel a été le choix des Afghans, entre la barbarie religieuse et un régime corrompu jusqu’à l’os ? Une défaite cinglante pour l’Otan depuis sa création, a résumé Armin Laschet, président de la CDU allemande.
La réponse au coup de force des talibans ne sera pas militaire. Ce serait remettre un pied dans le bourbier. Elle concernera les mesures d’urgence, à commencer par l’évacuation des civils étrangers et des Afghans qui ont travaillé aux côtés des Occidentaux. Emmanuel Macron s’y est engagé hier soir au nom de la France. Pas question de rééditer le lamentable lâchage des harkis dont des milliers avaient été massacrés par le FLN après le cessez-le-feu en Algérie. Là où cela se complique c’est avec la question migratoire. Nombreux – mais combien ? – seront les Afghans qui vont tenter leur chance dans l’exil. Or les Européens, même les plus ouverts, ne sont pas prêts à accueillir tous les candidats qui se présenteront. Les opinions publiques occidentales peuvent comprendre le désarroi de populations bousculées par l’Histoire, mais sans aller plus loin.
Reste une inconnue de taille : L’Afghanistan va-t-il redevenir la base arrière du terrorisme islamiste ? Les optimistes veulent croire que les talibans n’entendent pas revivre une intervention militaire améticaine comme en 2001. C’est oublier que le lourd dossier afghan, depuis de longues décennies, échappe à toute approche rationnelle. Les fous de Dieu sont capables de tout, surtout du pire. En s’alliant avec le diable.