Guerre en Ukraine : pas d’impact pour les Forges
Economie. L’activité de Lisi Aerospace retrouve peu à peu son niveau d’avant la crise sanitaire. Le conflit ukrainien favorise-t-il les commandes passées aux Forges ? Pas selon le directeur du site de Bologne, Didier Argence.
« Il y a un contexte très particulier. D’un côté nous voyons de vrais signes d’une reprise au sein du secteur aéronautique, de l’autre un environnement géopolitique bourré d’incertitudes », déclare Didier Argence, le directeur des Forges de Bologne.
Alors que l’entreprise de pièces aéronautiques civiles et militaires avait été touchée de plein fouet par la crise sanitaire, l’activité reprend depuis la seconde moitié de l’année 2021. Les chiffres se rapprochent actuellement de ceux de 2019, avant l’arrêt quasi-total de l’activité à cause de la pandémie.
Depuis début 2022, le site de Bologne enregistre une croissance de 20 % par rapport à 2021. Près de 80 % de la production est destinée au civil et 20 % au militaire. Le directeur du site indique que « les deux branches augmentent en gardant ces proportions ».
« Rien n’a changé avec la guerre »
Du côté du militaire, Didier Argence indique que « cette partie ne s’est jamais arrêtée, comme ce fut le cas pour la partie civile ». Alors que le 22 avril la France a reconnu livrer des armes à l’Ukraine pour un montant de 100 millions d’euros*, la guerre pourrait-elle remplir davantage le carnet de commandes de Lisi ? Négatif, selon son directeur.
« Pour notre usine, nous ne voyons rien qui aille dans ce sens-là. Nous produisons des pièces pour le secteur militaire, mais rien n’a changé avec la guerre », soutient-il. Il précise : « Nous n’avons pas fabriqué de nouveaux produits depuis le conflit ». Et confie : « Les marchés militaires sont des marchés d’Etat, donc il y a une certaine prudence ».
Autre point sur le sujet russo-ukrainien, l’approvisionnement en Russie d’alliages de titane. Mais, rien d’impactant pour l’entreprise. Les contrats ont été signés avant l’arrivée des troupes russes en Ukraine et l’usine ne rencontre aucun problème d’approvisionnement. Par ailleurs, Didier Argence étaie : « les affaires avec la Russie représentent un très faible pourcentage de nos contrats. Ce n’est pas un sujet pour nous ».
« Il y a du recrutement et de l’emploi »
Avec 80 % de l’activité liée à l’aviation civile, le directeur attire naturellement l’attention sur ce sujet. L’arrivée des premiers vaccins ont marqué le retour du transport aérien et des commandes. Plus récemment, en début mai, l’achat à Airbus de 146 avions par le transporteur australien Qantas est de bon augure pour les Forges. Pour cause, le fleuron français de l’aéronautique est un client de Lisi.
Au-delà de ce contrat, cette commande est un signe de la reprise des vols longs courriers et donc synonyme de potentiels contrats. Encourageant car, depuis 2021, les courts et moyens courriers sont davantage remis en activité. « Les longs courriers ont du mal à reprendre. Pour l’instant, il y a moins de gens qui traversent l’Atlantique. Davantage de choses sont maintenant traitées à distance », déplore Didier Argence.
Le directeur conclut : « il y a du recrutement et de l’emploi, ce qui est positif par rapport aux deux dernières années ».
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
*A titre de comparaison, à la même date, les Etats-Unis avaient livré pour 5 milliards d’euros d’armement.