Guerre d’usure – L’édito de Christophe Bonnefoy
Semaine pluvieuse, semaine heureuse ? Semaine sociale, semaine cruciale, surtout. Ce week-end sans trains est venu nous rappeler qu’à l’heure où les esprits devraient être tournés vers Noël, les cadeaux et les illuminations, ils en sont plutôt à chercher quelques lueurs d’espoir.
Le succès de la manifestation de jeudi, contre la future réforme des retraites, montre à quel point la crainte de l’avenir a pris le pas sur les plaisirs éphémères d’une période censée être festive. Certes, cette semaine de tous les dangers n’empêchera personne de préparer la fin d’année. Quoique. Il faudra encore, notamment pour les habitants de la capitale, réussir à atteindre les temples de la consommation. Sans transports, il faudra être fort…
Le gouvernement, lui, n’a pas tout à fait le même genre d’inquiétudes. Les acteurs du projet ont passé le week-end, non pas à solutionner leurs problèmes de locomotion, mais à essayer de trouver comment ils allaient pouvoir faire retomber la pression de la rue. Compliqué, alors qu’Edouard Philippe n’ouvre la porte à aucun retrait du projet. Au contraire, il affirmait hier que si le job n’est pas fait aujourd’hui, d’autres le feront plus tard. Et de manière beaucoup plus brutale. Qu’on se le dise !
On est désormais entré dans une guerre qui pourrait être d’usure. Une succession de batailles, en fait, où l’on avance un pion, chacun son tour, en observant à la loupe la réaction de l’autre. Il est fort probable qu’Edouard Philippe et Emmanuel Macron voudront conserver le projet de réforme tel qu’ils l’ont imaginé. Mais en lâchant, ça et là sans doute, un peu de lest. Ni trop, ni trop peu… C’est toute la difficulté.