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Guerre de position – L’édito de Patrice Chabanet

 

Ils étaient moins nombreux qu’il y a une semaine, sauf à Paris. Malgré tout, le mouvement des Gilets jaunes conserve une certaine vitalité, en dépit d’une désaffection croissante de l’opinion publique, devenue majoritairement hostile au rituel des manifestations du samedi. On assiste donc à une guerre de position dont chaque camp peut produire un bulletin de victoire. Les Gilets jaunes ont montré qu’ils étaient capables d’entretenir la flamme de la contestation pendant 14 semaines, un record difficile à battre, et cela d’autant plus qu’on n’en voit pas la fin. De son côté, le gouvernement peut se targuer d’avoir contenu un mouvement qui avait fait vaciller la République début décembre.

C’est bien connu, les guerres de position épuisent les troupes des deux côtés. Chez les Gilets jaunes, ce sont les divisions qui apparaissent au grand jour. Entre les modérés qui voudraient emprunter le chemin électoral pour faire valoir leurs idées et les durs qui exigent la démission d’Emmanuel Macron et qui refusent de se « compromettre » dans la politique, il n’y a plus grand-chose de commun, mis à part la couleur du gilet. Plus grave encore, ces suintements d’antisémitisme que l’on observe en marge des défilés, comme en témoignent encore les insultes grossières dont a été victime hier Alain Finkielkraut.

Du côté de l’exécutif, il est encore trop tôt pour tirer parti de l’essoufflement relatif du mouvement. Certes, le grand débat national – et pas seulement les séquences télévisées avec un Macron qui a remis les gants – constitue un succès indéniable. Les propositions se comptent par milliers ; qu’elles émanent d’élus ou de simples citoyens. Mais ce sont autant d’attentes qu’il faudra trier et qui appelleront des mesures fortes à très court terme. L’impatience est devenue le moteur d’une contestation qui dépasse largement celle qui bat le pavé chaque samedi. Si le chef de l’Etat et la majorité qui le soutient ne provoquent pas un électrochoc dans le pays, la déception pourrait réactiver la fronde sociale dans des proportions inquiétantes.

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