Grosse fatigue – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il fut, en d’autres temps, un peu le chef de village. Le référent. Celui qui se posait en grand organisateur de la vie locale, qu’on allait solliciter pour trouver conseil, obtenir l’information, voire régler le conflit. Il était le grand sage qui à toute question trouve réponse. L’homme – ou la femme – de confiance et surtout de proximité, surtout dans les toutes petites localités. Le maire.
Il est aujourd’hui celui qui prend les coups. Au sens figuré souvent, au sens propre parfois. Les seuls remerciements qu’il peut espérer, la plupart du temps, ne se traduisent que lors de sa réélection, par la voie des urnes. Problème, il a de moins en moins envie d’y retourner. Le maire. Encore.
En congrès national à Paris, les “premiers magistrats” en ont pour beaucoup ras la casquette. Non qu’ils ne croient plus en leur mission. Mais les maires en ont gros sur le coeur. Violences croissantes, exigences sans limite d’administrés à qui tout serait dû, quasiment, constituent leur quotidien. Des administrés, d’ailleurs, et même dans les communes les plus petites, qui ne se connaissent plus, ne se croisent plus. Et critiquent, beaucoup, sans participer à la vie locale.
Cerise sur le gâteau en quelque sorte, les maires se sentent lâchés par un Etat qui leur imposerait selon eux de plus en plus de responsabilités… avec de moins en moins de moyens. Débrouillez-vous…
Jusqu’à jeudi, le congrès des maires, qui se tient à Paris, fera ce triste constat d’une « fatigue républicaine » qui se traduit par des démissions exceptionnellement élevées d’élus pourtant essentiels. En ce domaine comme en d’autres, il y a urgence. Notamment à redonner envie.