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Gros malaise – L’édito de Christophe Bonnefoy

Le gros malaise des urgentistes n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de mal-être. Une goutte d’eau, certes, mais quelle goutte ! On ne peut nier que notre système de santé est loin d’être le plus mauvais. En même temps, ses acteurs travaillent au quotidien à flux tendu. Avec tout ce que cela implique, pour eux-mêmes, mais aussi pour les patients. On se souvient de la détresse persistante des infirmières, alarmistes depuis des années, pour ne pas dire des décennies. Les urgentistes, eux, sont en plein dedans. L’hôpital, pris dans sa globalité, répond aujourd’hui à des impératifs économiques. Le métier même de médecin à des notions qui touchent au cœur de l’humain. Voilà tout le paradoxe pour un personnel médical qui tire sur la corde depuis trop longtemps. C’est la vocation et l’amour du métier qui, jusqu’à maintenant, ont évité la rupture. Aujourd’hui, les forces viennent à manquer.
Et par définition, les urgentistes ne peuvent se satisfaire de solutions ministérielles qui répondent, au mieux à moyen terme, à leur détresse. On peut le comprendre. Manque de lits, délais d’attente qui peuvent s’étirer jusqu’à huit heures avant d’être pris en charge, gardes de plus de quinze heures… on devine aisément que la situation est critique.
L’une des causes n’est pas seulement le manque de moyens humains ou financiers au sein même des établissements. Il est, aussi et notamment, dans la carence en médecins de ville – ou de campagne – qui pousse parfois les patients à se rendre directement à l’hôpital pour un petit bobo. Un cercle vicieux qui revient au final à travailler encore plus, encore plus dur, pour gagner moins… en efficacité. Et qui aboutit à devoir panser les plaies de ceux qui sont là pour soigner. Un comble.

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