Grondements – L’édito de Christophe Bonnefoy
Mercredi 6 novembre 2019. « Nous voulons reprendre le contrôle de notre politique migratoire ». Ce n’est pas Marine Le Pen qui l’affirme, même si elle et son père martèlent peu ou prou la même chose depuis des décennies. Mais Edouard Philippe, Premier ministre d’un gouvernement qui refuse pourtant qu’on l’accuse de droitiser son discours, voire son action. Premier ministre d’un Président qui avait joué sur un rassemblement très large au moment de la campagne présidentielle. Pas sûr qu’à gauche, ou même au centre, les 20 mesures présentées hier dans le cadre du “plan immigration” soient vraiment bien passées. Même dans les rangs de La République en marche d’ailleurs, ça gronde. Nicole Belloubet, garde des Sceaux, s’est ainsi sèchement fait reprendre depuis la Chine par Emmanuel Macron, après avoir clairement remis en cause le principe des « quotas » d’immigrés économiques : le rôle d’un Président n’est pas de « commenter les commentaires ou les états d’âme ». Une autre variante du « je décide, il exécute » de Jacques Chirac à l’encontre de Nicolas Sarkozy en 2004.
Electoralement, il est difficile à chaud de savoir si cette stratégie sera payante. Autrement dit si marcher sur les plates-bandes de la droite – en affirmant toutefois qu’on ne fait là que se pencher sur une question qui doit de toute façon être traitée – viendra mettre encore un peu plus de bâtons dans les roues de LR et des clous sous les pneus du Rassemblement national.
Plus sûrement, c’est en interne que le débat risque d’être houleux, et peut-être destructeur. Des députés LREM, dont Jean-François Cesarini, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas certaines mesures de ce “plan immigration”.