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Grève Keolis à Chaumont : « Ce n’est pas de gaîté de cœur »

Lundi soir, les conducteurs et agents grévistes du réseau Keolis C. mon Bus ont adressé une lettre ouverte à leur clientèle pour expliquer la situation qu’ils traversent.

Depuis le début du mois d’octobre, plusieurs conducteurs et agents du réseau de transport Keolis C. mon Bus sont en grève. Ainsi, les bus ne circulent pas normalement. Dans une lettre ouverte à l’intention des usagers, les grévistes expliquent leur situation pour remettre les choses dans leur contexte. « Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous avons troublé votre quotidien », soulignent-ils. Ils poursuivent en donnant la raison principale de ces manifestations : les conditions de travail « qui se dégradent de plus en plus », selon eux. Ils se désolent des commentaires « désagréables » sur leur action de la part des usagers : « En nous traitant même de fonctionnaires {…} comme si les fonctionnaires faisaient grève par plaisir en subissant des retenues de salaires. »

Question de sécurité

Un autre point abordé est le manque de sécurité. Selon les grévistes, le parc de bus est vieillissant. « Nous avons le dos cassé par des sièges usés et sur lesquels nous sommes assis pendant près de dix heures. Nous prions le ciel pour que notre véhicule ne tombe pas en panne, car l’atelier de maintenance fait ce qu’il peut avec les moyens qu’on veut bien nous allouer. »

Philippe Urli, directeur de la structure, qui a eu connaissance de cette lettre, précise que 60 % du parc ont été renouvelés en 2018. L’âge moyen des bus est de 6 ans. Il rajoute qu’en 2021, la totalité des sièges des véhicules les plus anciens ont été changés.

Le directeur précise que « trois réunions de négociations ont été menées sans pouvoir parvenir à un accord ». Cela aurait, selon lui, évité que les salariés ne soient en difficulté financière en prolongeant le mouvement. Il insiste également sur le fait que pour soulager les conditions de travail « d’un métier difficile », il a proposé de répartir le travail sur cinq jours contre quatre actuellement afin de diminuer la durée quotidienne d’activité. « Mais la CGT a refusé. Avec une ancienneté moyenne supérieure à quatorze ans, il paraît difficile de démontrer que les conditions de travail sont celles dénoncées par la CGT. »

Pour les grévistes « bien qu’ayant pour la plupart plus de 20 années d’ancienneté {…}, pour cette direction Keolis, nous ne connaissons pas notre métier et ne devons, ni penser, ni agir sans ses instructions ou son consentement. {…} Pendant le premier Covid, nous, chauffeurs et agents d’accueil, avons été en première ligne pour vous transporter ou vous renseigner. Avons-nous eu une reconnaissance financière ou autre de la direction ? Non ! »

Journées chargées

Pour Keolis, l’augmentation des salaires de 16 % demandée par les grévistes mettrait l’entreprise en péril. Grâce à la convention collective, les employés ont un salaire « bien supérieur au Smic. Ils bénéficient en plus de nombreuses heures supplémentaires majorées, de primes mensuelles, de primes d’intéressement, d’une prime de fin d’année équivalente à 98 % d’un treizième mois et d’indemnités de repas lorsqu’ils travaillent pendant la pause méridienne. » Sauf que, selon les grévistes, à cause de leurs journées chargées, ils n’ont pas le temps de prendre un repas correct ni faire leur besoin naturel. « Nous demandons simplement que notre professionnalisme soit reconnu par le biais d’un aménagement de temps de travail correct et un salaire décent quant au travail fourni. »

Toutefois, les deux parties s’accordent pour présenter des excuses pour la gêne occasionnée par ce mouvement de grève. La direction souhaite trouver rapidement un accord pour que tout rentre dans l’ordre. Pour les grévistes, ce mouvement est néanmoins « totalement justifié {et} nous devons continuer ».

Caroline M.Dermy
c.dermy@jhm.fr

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