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Greg Rajaona, la vague du rap métissé

Le jeune bragard Greg Rajaona vient de sortir son premier EP.

Greg Rajaona, 20 ans, est rappeur. Des textes à la production, en passant par la musique et le mix, il fait tout de A à Z. Dernièrement, le Bragard vient de sortir son projet « La Vague », composé de cinq morceaux. Rencontre avec ce jeune homme qui puise ses racines à Madagascar.

C’est un jeune plutôt solitaire qui parle très peu habituellement. Pourtant, l’espace d’une heure et demie, il a tout déballé. Son enfance, son parcours, ses forces, ses faiblesses, ses motivations, ses rêves, et surtout sa passion pour la musique et le rap. Loin de l’image clichée du rappeur véhiculée par certains médias, Greg Rajaona est cultivé. Et un brin philosophe : « L’écriture c’est un exutoire, mon exutoire. Mais c’est le cas pour toute forme d’art. Comme quand Van Gogh peignait ses toiles alors qu’il avait des problèmes psychiatriques. »

Autodidacte

A bientôt 21 ans, celui qui a passé toute sa vie à Saint-Dizier baigne dans la musique depuis l’âge de 8 ans. « J’écoute vraiment de tout », explique celui qui a été marqué par la venue de Sexion d’assaut lors de Musical’Eté 2013. Illustration de cette citation à travers ses références, très variées : « Keith Jarrett dans le jazz, Led Zeppelin dans le rock, Ryuichi Sakamoto en musique classique, Nas, Mobb Deep, Haftbefehl, Deen Burbigo dans l’univers du rap ». Sans toutes les citer.

Perdre du temps, le cinquième et ultime morceau de son EP.

On retrouve donc dans certaines le typique rap new-yorkais des années 90 que le jeune homme affectionne et souhaite transposer dans ses sons. Car Greg Rajaona fait tout de A à Z : écriture, voix, musique, mix, production… « J’ai commencé l’écriture il y a six ans, avec des poésies, des romans, des nouvelles », retrace-t-il. Pour le chant, il s’essaye avec « Feu de bois » de Damso. Le résultat est satisfaisant, car le Bragard ne s’en cache pas : « J’ai un cheveu sur la langue et quelques problèmes de prononciation ». Qu’importe. Déterminé, focalisé sur son objectif, il écrit, cherche des accords, les placements de voix, des mélodies… Puis il se lance (lire l’encadré).

Métissage

Issue d’une famille dont le père est Malgache et la mère Française, Greg a grandi à travers une double culture. Le métissage qu’il qualifie de « magnifique », se traduit ainsi lors des repas : « La semaine je mange des pâtes au saumon, le dimanche du rougail aux tomates ». Un exemple parmi tant d’autres, que le jeune a pu observer entre sa vie à Saint-Dizier et l’Etat insulaire où vivent quelque « 300 cousins ». Autre image, avec l’éducation qu’il a reçue, stricte, parfois violente : « Lorsque je coupais la parole, j’étais privé de manger », se rappelle-t-il. Une éducation militaire qui l’inspirera dans sa vie, comme pour son tout premier titre – éponyme – sorti en 2020.

Dans ses morceaux, Greg veut aussi passer d’autres messages, comme celui du racisme : « J’ai la peau blanche, mais je m’identifie en tant que noir. J’ai ça en moi, je n’arrive pas à l’expliquer. ». Un racisme qu’il a connu à l’école, mais qui « aujourd’hui, m’a rendu plus fort. C’est un souci de tolérance, c’est pareil à Madagascar. Mais en grandissant j’arrive à comprendre leur point de vue. »

Parmi ses motivation et ses rêves, le Bragard aimerait monter sa micro-entreprise et créer son propre label. Une manière de prouver que « même dans ma ville de cœur, à Saint-Dizier, tout le monde peut réaliser ses rêves avec un peu de travail ».

Greg Rajaona « La Vague », à écouter sur YouTube, Spotify, Soundcloud, Amazon music.

Louis Vanthournout

l.vanthournout@jhm.fr

Son parcours musical

Son premier titre « Education militaire » est sorti en 2020, clin d’œil à sa jeunesse. « C’était très fort. Je devais surfer sur ça mais je n’ai rien sorti, j’avais peur de faire moins bien. » Finalement, c’est trois ans plus tard, vendredi 7 avril, que Greg Rajaona sort son tout premier EP (extended play, qui signifie durée étendue). Il est composé de cinq morceaux, pour une durée totale de 17 minutes.

Le fruit d’un travail acharné, notamment les derniers mois où le Bragard était focalisé sur sa musique « jusqu’à dix heures par jour », n’hésitant pas à tout changer au dernier moment si nécessaire pour trouver « le truc qui déchire vraiment ». « La Vague », nom donné à son projet, résume globalement sa relation avec son père, lui qui « a grandi entouré d’eau avant de découvrir une culture très différente en France ».

Cinq morceaux pour ouvrir son cœur et faire ressortir une certaine rage enfouie au fond de lui. Trois, Gagner du temps, NYS, NSMLM et Perte de temps, à écouter sur toutes les plateformes.

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