Greg Rajaona est en plein trip… hop

MUSIQUE ÉLECTRONIQUE. Le Bragard Greg Rajaona va sortir, vendredi 6 octobre, un EP de trip-hop / IDM. Après avoir vadrouillé dans divers styles musicaux, qu’il chérit tous autant les uns que les autres, le musicien de 21 ans a trouvé celui qui l’anime désormais.

Il est jeune, mais il a eu mille vies musicales. Greg Rajaona est un électron libre des pistes instrumentales. Doté d’un appétit gargantuesque pour la musique, il s’est essayé à de nombreux genres. Le rap, d’abord, qu’il a pratiqué pendant presque une décennie. Bousillé par les rythmes caverneux de New York, il a puisé son inspiration chez des fins limiers, de Joey Bada$$ à l’écurie du label Griselda Records (Conway the Machine, Westside Gunn, Benny the Butcher…). Nous vous parlions d’ailleurs il y a quelques mois de son EP “La Vague”, aux sonorités rugueuses comme le Bronx.

Est ensuite venu le néo-classique. Plus de paroles, seulement de la musique. Un tournant radical ? Pas tant que ça, puisque Greg Rajaona compose depuis des années. « J’ai rappé pendant huit ans. Aligner des mots, c’est moins cool qu’avant », concède-t-il, lundi 25 septembre, attablé dans son jardin, verre d’eau et clope à la main. Là encore, nous vous avions parlé de son EP “Greg Rajaona’s Notebook : The Message, Vol. 1”, sorti le 28 juillet. Il fallait, cette fois, aller chercher les influences chez Scott Buckley ou Jannick Damkvist.

Virage trip-hop pour Greg Rajaona

Place désormais à la trip-hop / IDM (intelligent dance music). Deux styles étroitement liés, apparus au début des années 1990 au Royaume-Uni. Ici encore, pas de paroles. « J’en écoutais beaucoup, sans me dire que j’allais partir là-dessus. Et puis, cet été, j’ai eu envie d’élargir mon panel », rembobine le jeune homme.

Résultat : un EP de quatre titres, dont le premier single est sorti vendredi 22 septembre, à paraître vendredi 6 octobre. Un mois et demi de travail intense pour Greg Rajaona. « Je me réveille à 8 h, puis je commence à composer à 9 h. Je prends une petite pause le midi, pour passer du temps avec ma mère, c’est important. Ensuite je reprends la compo, jusqu’au soir. Je passe à peu près 10 heures par jour à faire de la musique », détaille-t-il, réglé comme un coucou suisse.

Son granuleux

À quoi s’attendre avec ce nouveau projet ? « Des percussions, des basses, des sonorités crades, […] un univers plus granuleux. » Plus précisément, l’EP sera divisé en deux parties. Une plus calme, dont le single “One Deep Breath in the Wilderness” est un bel exemple, et l’autre explosive, rugueuse, du genre à faire trembler les murs – ou taper du pied, c’est selon. « Je veux aussi dire que la trip-hop / IDM n’est pas morte », assure le musicien. Nous avons pu écouter quelques morceaux. La promesse est tenue.

Parmi ses influences, le groupe de rock progressif britannique Camel, le duo écossais d’électronique Boards of Canada, la chanteuse et compositrice française Oklou, la rappeuse du New Jersey 070 Shake, et bien sûr Massive Attack, groupe précurseur de la trip-hop qu’on ne présente plus. De jolis noms, desquels Greg Rajaona assure se défaire lorsqu’il compose. « J’attends dans le silence, je me vide l’esprit, et quand une mélodie arrive, je la balance », précise celui qui travaille sur Ableton.

Dans son jardin, Greg Rajaona se roule une nouvelle clope. Il connecte son téléphone à son enceinte. Une légère bise souffle. Vite, les basses grondent. Son pied bat la mesure. Aucun doute, il est dans son élément.

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr