Grande confusion – L’édito de Christophe Bonnefoy
Grande confusion
Dans la très gênante affaire du lait infantile, on est au moins sûr de deux choses. On connaît le principal fautif – en tout cas celui par qui tout a démarré -, tout comme on identifie parfaitement les principales victimes. C’est bien chez Lactalis que s’est développée la contamination à la salmonelle. Et ce sont évidemment des bambins qui ont dû être hospitalisés.
L’industriel a reconnu l’incident et s’en est excusé, hier encore. Les enfants, eux, semblent quittes pour une grosse frayeur… des parents.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. De Lactalis au sac de courses de la maman – ou du papa -, le cheminement n’est visiblement pas un long fleuve tranquille. Certains produits incriminés ont passé les barrages. Et c’est précisément ce qui pose problème. Gros problème. Les fameux laits ne se sont pas retrouvés dans les rayons d’un ou deux supermarchés d’un ou deux distributeurs. Leclerc, Carrefour, Système U, Auchan, Casino ont révélé avoir découvert les produits en cause dans leurs magasins, après la mise en place de la procédure de retrait. Ce qui ne veut pourtant pas dire qu’ils doivent eux seuls être sanctionnés. C’est en effet toute la difficulté de l’enquête en cours : trouver qui a fauté. Il se pourrait ainsi que de coupables tout désignés, les grandes enseignes, soient – aussi, en partie – victimes. Tout en reconnaissant à demi-mot des fautes en interne, elles mettent particulièrement en cause Lactalis, qui aurait géré la crise d’une façon pour le moins désinvolte.
En apparence, la chaîne entière a été défaillante. Reste à déterminer les responsabilités respectives. Ce n’est pas le plus simple, mais c’est nécessaire à chaque fois que la santé publique est potentiellement mise en danger. Nécessaire de trouver les coupables, certes. Mais surtout de faire en sorte que les procédures en pareil cas soient précises, rapides à mettre en œuvre et surtout incontournables.